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Les enfants d’Athéna – Nicole Loraux, par Lucas Navarron, Clésup.

Prix cordées.png
Publié le 12/05/2017
Prix Cordées Clésup

Une femme, un voyageur, un serviteur.
Intérieur sobre, les deux premiers protagonistes sont assis chacun sur un divan, immobiles, seul le serviteur s’affaire autour d’un guéridon, s’en éloignant on aperçoit un livre posé dessus.
Femme :
 Va !
Serviteur (sortant) :
     Anachronisme !
Voyageur :        
             Rien n’est moins sûr, raison ?
Femme :
Chaque quatre ans, un même sujet s’impose,
Chargé des préparatifs de la procession,
Abordons la question que ce livre nous pose.
Empreint des réflexions d’une pensée nouvelle,
Qu'y apprend-on sur nos mœurs, nos coutumes ?
Voyageur (se lève, saisissant le livre) :
 « Les enfants d’Athéna », qu’apprend-on sur elle ?
Femme :
 Sur nous, héritage de Pandore posthume.
La race des femmes tel certains l’ont affirmé.
Maudites à travers l’Attique, nées de la terre,
Maudites par le mythe ; la maternité,
Aux mères fut refusé, mesure délétère.
Voyageur :
 Ainsi au mythe remonte la distinction,
Mythe d’une hérédité paternelle uni.
Et cette déesse guerrière, la cause des institutions.
Femme :
 Topique Athénienne…
Serviteur (entrant) :
             …Autochtonie !
Femme :
 Ancêtre immémorial qu’es Erichthonios,
(Sarcastique), de la glèbe féconde apparut l’homme…
Appropriation politique du logos,
Mythe de la cité, révéré tel un psaume.
Voyageur :
 En nombre de cités un tel mythe, fondateur,
Fédère les vivants, leur octroie leur identité.
Autochtonie ici légitime vos mœurs,
N’est-il de lieux où vous êtes rassemblés ?
Serviteur (récupérant le livre, le posant, l’époussetant) :
 Céramique…
Femme :
Lieux d’oraisons pour les fils tombés,
Fi de religion mais respect d’un idéal.
Le soldat est un, mais tous sont interchangés,
Terre et hommes sont liés, acceptation patriarcale.
Si le mythe n’y prend pas racine il le transmet,
L’Attique aux athéniens, discours officiel qui légitime
Une permanence au travers des générations.
Voyageur :
 Ainsi d’Athéna Athènes n’a que le nom ?
Femme :
 Nourricière originelle, elle est le prélude,
Et du haut de l’acropole le symbole de son renom.
Nourrice, mère et père, ses rôles elle n’élude,
Plaçant au cœur du mythe l’existence d’un seul parent,
Mère, femme, fille sont en retrait,
Produits créés d’Héphaïstos, artisan,
Fidèle au concept de Zeus, le « beau mal » apparaît.
Voyageur :
 Ainsi en cette société, qui êtes-vous ?
Femme :
 La figure de la femme idéale, condamne.
Être dérivé son contact rend flou,
L’idéal et de s’en tenir loin, pauvre âme.
C’est du moins ce que l’on entend, incessant bruit,
Nécessité d’une génitrice, non d’une mère.
Face à la femme, l’homme se retrouve face à lui,
Dévoyé du chemin des dieux il trouve misère.
Voyageur :
Rêve athénien d’une hérédité purement paternelle,
Objectif onirique d’un autoritarisme,
« Une femme qui n’a pas peur des hommes leur fait peur », elle
Dis-je…
Serviteur, (se levant)
    …Anachronisme…
Femme :
Va !