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Petit traité sur l'immensité du monde, de Sylvain Tesson

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Une actualité de Adeline
Publié le 20/04/2016
Le livre qui ne souhaitait qu'une chose : qu'on le laisse tomber pour le voyage. "La chaire est triste hélas et j'ai lu tous les livres" chante Brise Marine de Mallarmé. Que faire quand notre quotidien nous insupporte, que faire pour vivre pleinement ? Voyager, être sans cesse en mouvement répond Sylvain Tesson dans son Petit traité sur l'immensité du monde concrétisation des invitations au voyage de Mallarmé, Rousseau et Nietzsche. Car Sylvain Tesson s'est un jour levé, "juste pour voir" et ne s'est jamais arrêté. N'avez-vous jamais voulu savoir ce qu'animaient ces vagabonds, pauvres hères et autres pèlerin humanistes ? Comme Sylvain Tesson ces marcheurs fou ont jonglé entre le wanderer - marcheur qui n'attend rien du voyage et qui se laisse surprendre par les variations des chemins - et le voyageur romantique allemand, qui oisif, succombe à la beauté des paysages, marche le cœur et les yeux ouverts à tous les vents, accueille avec amour tout ce qui s'offre à lui. Réussir à se réjouir du vent qui souffle, des feuilles qui bourgeonnent, de l' oiseau qui vole très haut sans se soucier de nous, c'est accepter notre condition d'homme, un être parmi les autres à sa place. Car pour lui, la vie d'un homme se résume à trouver sa place parmi le vaste monde. La sienne est d'être en mouvement, de ne pas avoir de place, de s'agiter, essayer, savoir lâcher prise, toujours tenter et découvrir sans filtres ce qu'est l'Homme par la marche solitaire. Nous ne sommes jamais seuls lorsque nous marchons seuls étrangement. A chaque pas nos pieds font la rencontre de minuscules petites bêtes, au dessus de notre tête veillent un tapis d'étoiles et sur notre route nous croisons nos hôtes, nos alter égaux. Un paysan indien, une marchande de fruit sénégalaise, un enfant rentrant de l'école malgache, des milliers de personnes que nous surprenons dans leurs quotidien. Surpris par notre apparition : par la surprise, la joie, la peur, la méfiance, l'humour et la curiosité. Je me suis souvenu de mes trecks dans les Highlands, dans le désert du Chili et dans ma campagne bourguignonne. Etrangement, marcher c'est retrouver ses racines. Cet été j'emporterai sans aucun doute un bâton, une flûte, un carnet et le livre de Sylvain Tesson pour me rappeler que le monde vaut d'être parcouru. Succombons à l'invitation au voyage de Sylvain Tesson pour une découverte de soi et des autres ce délice toujours réinventé. En avant donc. « Je ne puis méditer qu'en marchant, sitôt que je m'arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu'avec mes pieds ». Rousseau les Confessions. Tim Adjakpa