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Rue des bons enfants de Patrick Cauvin, par Laura Denize

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Une actualité de Adeline
Publié le 22/05/2013
Patrick Cauvin est un auteur prolifique, qui écrit tant sous ce nom de plume que sous son nom, Claude Klotz. Cette pirouette lui a permis pendant des années de nous livrer deux facettes de sa personnalité d'écrivain, puisque Claude Klotz est un amateur de polar chevronné tandis que Patrick Cauvin, plus fantasque, se permet des histoires qu'on pourrait qualifier de plus romantiques, même si ce terme, selon moi, décrit mal ses livres. Il flirte souvent avec le fantastique, joue avec des sujets graves, et s'attache toujours à faire vivre ses personnages de bout en bout. Pour Rue des bons enfants, Patrick Cauvin s'éloigne de son attirance pour le fantastique mais reste fidèle à lui même. Une description rapide présenterait ce roman comme une histoire d'amour, entre le fils de proxénète et la fille d'industriel, qui se rencontrent 'minots' pour ne plus se quitter, malgré la vie et la guerre. Pourtant, on se rend vite compte qu'il nous raconte plusieurs histoires d'amour. Celle de l'auteur avec sa ville d'origine, Marseille, qu'il fait revivre pour nous comme seuls ceux qui ont grandis quelque part peuvent le faire, avec tous les sens et avec passion. Celle aussi de l'auteur avec ses personnages, qu'ils soient au centre de l'histoire ou simplement de passage. Chez Cauvin, peut être plus que dans la vie, on ressent l'individualité de chaque passant aussi fortement que celle des gamins que l'on voit grandir et s'aimer au fil des pages. L'auteur a toujours une ligne ou deux pour ceux qui resteraient ailleurs de simples éléments de décors. Une ligne de dialogue, un trait d'humour glissé dans une description, et ce 'décors' prend vie, riche d'un passé et d'un avenir qui dépassent le livre que l'on a entre les mains. Lire Patrick Cauvin, c'est lire avec le sourire au lèvre, c'est se promener dans les villes qu'il aime, c'est s'attacher à chaque personnage. Heureusement, l'auteur a le don -assez rare selon mon expérience- de nous faire atterrir en douceur. Il peut aborder les pires sujets, avec d'ailleurs une certaine préférence pour la seconde guerre mondiale, sans pour autant laisser son lecteur déprimé pour deux semaines. Il relativise et nous fait sentir 'qu'on est peu de chose' comme on dit, mais avec lui ce constat est rassurant. Pour toute ces raisons, j'accorde à cet auteur l'honneur -posthume malheureusement- d'être mon préféré. Quant à mon exemplaire de la rue des bons enfants, il est corné, déchiré et taché, ce qui est la marque des bouquins d'exception.