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Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione

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Une actualité de Adeline
Publié le 26/05/2015
L’amour, sans matière ajoutée Il n’est pas évident de décrire avec des mots une histoire qui se veut muette. Pourtant, le roman graphique de Lupano et de Panaccione ne manque pas d’originalité. Ses lecteurs remarqueront vite qu’il ne compte absolument aucune bulle. Un comble presque, pour un livre si maritime. Cependant, une fois la page finale tournée, on s’accorde bien sur le fait que cette tendre histoire n’avait bel et bien besoin d’aucun mot. Traitant de la Bretagne et de l’univers halieutique, les auteurs filent la métaphore marine jusqu’à offrir une forme de boite à sardines à leur œuvre silencieuse. Cette histoire, si touchante et si douce, raconte à nos yeux émerveillés l’aventure d’un petit couple breton comme il y en a eu tant. La femme, bigoudène portant fièrement sa haute coiffe de dentelle, est une incontestable cuisinière de galettes et de crêpes. Son homme, un petit marin binoclard, sort du lit très tôt le matin pour enfiler le célèbre ciré jaune et partir sur son navire chétif à la recherche de quelques poissons. Dure tâche lorsque l’on rivalise avec les géants chalutiers de l’industrie portuaire de masse. C’est d’ailleurs en cela que l’histoire est si poignante. Un Océan d’Amour ne nous offre pas seulement une belle image d’une Bretagne authentique, empreinte de tradition gastronomique et religieuse, certainement un brin désuète mais aux paysages pittoresques. L’aventure de ses personnages nous entraine en effet bien au-delà, à travers des faits actuels de notre société. Elle nous alarme sur la situation de détresse des petits travailleurs locaux, ou encore nous montre la mer dans son réel apparat : belle, calme parfois et violente aussi, mais surtout endommagée par la pollution humaine. Une histoire délicate d’un amour tacite qui se comprend dans toutes les langues, ce livre n’a définitivement pas fini de faire des vagues. Angéline CHENU