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Une belle histoire du temps de Stephen Hawking, par Vianney Mériaux

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Une actualité de Adeline
Publié le 22/05/2013
Que dire d’un livre sans personnages, intrigue, retournement de situation ou même sans dénouement ? Que penser d’une œuvre littéraire où pèse à première vue l’absence de figures de style, de poésie et d’imaginaire ? Qu’attendre d’un ouvrage qui, bien que publié à des milliers d’exemplaires, n’entrera jamais en lice pour un Pulitzer ou un Goncourt, et dont l’auteur ne se prêtera à aucune séance de dédicaces ? La plèbe s’emparerait probablement d’un tel opuscule, et se complairait à le battre en place publique à coups de « Romancier de pacotille ! » et d’« Outrage littéraire ! » ... La fiction n’est pas l’unique porte vers les abysses romanesques et les enchantements aveuglants de l’imaginaire ; on aurait ainsi tort d’abhorrer si promptement certains îlots délaissés d’un océan littéraire parfois trop parcourus de fiers vaisseaux chimériques empli de récits fantaisistes. Une belle histoire du temps est l’un de ces atolls où le lecteur s’échoue, après avoir vu ses voiles gonflées par le vent du hasard. C’est un archipel qui abrite une alchimie entre littérature et science. L’auteur de cette symbiose littéraire, le physicien Stephen Hawking, n’en est pas à sa première œuvre de vulgarisation scientifique : Une belle histoire du temps succède en effet à Une brève histoire du temps, publiée seize ans plus tôt. Deux ouvrages majeurs et une seule prétention : populariser la connaissance actuelle que nous avons de l’Univers. Loin des discours académiques fastidieux et soporifiques, Hawking fascine ici par son humilité et sa pédagogie, qui se dévoile au fil de l’œuvre alors que la réalité surclasse progressivement l’imaginaire et que le lecteur découvre la matière dont se nourrissent ses rêves : trous noirs supermassifs, étoiles à neutrons, supernovas et autres nébuleuses. On ne lie que trop rarement littérature et science. C’est pourtant en analepses que l’auteur nous évoque les évènements antérieurs au Big Bang, c’est par personnification qu’il décrit notre galaxie, danseuse sempiternellement tournoyante, et c’est la mort d’une étoile qui vient brièvement faire sombrer l’ouvrage dans la tragédie. L’histoire contée ici est celle de l’Univers, les personnages y sont à la fois titanesques et lilliputiens, l’intrigue est aussi longue que la vie et le dénouement est inconnu. Une œuvre inachevée, au sens romanesque du terme. Une œuvre dont les murmures portés par le vent solaire semblent nous dire : l’Univers contient plus d’imaginaire que n’en portent vos rêves.