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Une histoire populaire des Etats-Unis – De 1492 à nos jours , d'Howard Zinn

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Une actualité de Adeline
Publié le 20/04/2016
Ce livre est une œuvre monumentale. Tout d’abord, il faut bien le dire, parce qu’il fait ses huit cent pages de petits caractères. Ensuite par son ambition : il veut décrire plus 500 ans d’une histoire quasiment oublié, celle de tout les laissés-pour-compte des Etats-Unis. Il décrit l’histoire selon le point de vue de ceux que l’histoire officielle oublie : les amérindiens, les esclaves noirs, les femmes, les paysans pauvres, les ouvriers, les syndicalistes, les homosexuels, les pacifistes, les militants, les immigrés... L’histoire des Etats-Unis a été écrite par de riches hommes blancs, Zinn veut raconter celle de tous les autres. Et enfin parce que c’est l’œuvre d’une vie. Howard Zinn servit durant la Seconde Guerre mondiale dans l’équipage d’un bombardier. Sa dernière mission consista à larguer les toutes premières bombes au napalm sur la ville française de Royan. Cet événement le fit se poser une question qui ne le quittera jamais : comment un pays peut-il en venir à légitimer de tels actes au nom de valeurs comme la liberté ? Durant toute sa carrière d’universitaire et d’essayiste, il cherchera à remettre en lumière tous les faits qu’omet par idéologie l’histoire officielle. A la lecture de ce livre, une question revient sans cesse : comment se fait-il que je n’ai jamais entendu parler de cela ? J’ai ainsi découvert que quelques années après la déclaration d’indépendance, seulement 6 % de la population adulte possédait le droit de vote. Ou encore que le mouvement socialiste américain à son apogée comptait plusieurs millions de membre, et que des ouvriers en grève ont tenu leur ville pendant des mois avant d’être délogés par les forces de l’ordre. Il est difficile de ne pas voir un coté tragique aux faits relatés. Des milliers d’opprimés se sont soulevés, unis dans leur misère et dans leur révolte. Et pourtant trop souvent, ces révoltes se sont ignorées. Avant la guerre de sécession, les esclaves noirs, les indiens opprimés et les blancs pauvres n’avaient pas su dépasser leurs différences. Alors qu’il apparait vite que c’est toujours le même combat qui se joue. Cette tragédie se joue aussi entre les générations, chaque époque oubliant les luttes passées. Court dans tous le livre comme le fantôme d’un Grand Soir qui n’est jamais arrivé ; une épiphanie durant laquelle tous les opprimés s’uniraient pour créer une société meilleure. Néanmoins, si tant de révoltes sont des occasions manquées, comme des feux de brousses qui se consument aussi vite qu’ils se sont allumés, le progrès est possible. Il se construit sur le long terme, par le travail acharné des militants comme ceux du droit des femmes ou des afro-américains. En conclusion, l’oubli et le découragement sont les deux plus grands ennemis du progrès social. Ce sont ces deux fléaux que Howard Zinn a combattu dans toute son œuvre, en redonnant aux révoltés d’aujourd’hui la mémoire des luttes d’hier. Tomas Seiler