Patrick s’amuse à faire l’andouille et, à cause d’un bout de paupiette, tombe raide mort sur le plancher. Par chance, la voisine connaît un moyen de faire revivre le mort. Elle a tenté cette expérience, avec succès, sur sa chouette Marilule. Il faut juste un faux filet, une main familière et pas mal de sentiments. Et comme dit le proverbe « Plus on est de fous plus on rit », amie, sœur, amante s’invitent autour du corps de notre cher disparu pour le faire revenir d’entre les morts. Le ton est donné : l’humour noir sera la maitre-mot de la soirée.
Femmes au bord de la crise de nerfs
Sur la scène Jean Vauthier du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, le cadre est familier : un salon. Lumières tamisées. Musique branchée. Le début, en guise de hors d’œuvres, l’intrigue est chaotique, entre hurlements, personnages exacerbés et incompréhensions. On rechigne. Puis, l’entrée arrive, la sauce prend et la suite de la pièce sera un petit délice.
Un spectacle de femmes qui démontre entre sauvagerie & humour, le pouvoir du désir. Le désir pour l’homme, le désir pour la vie. Une violence des sentiments qui glace mais donne à réfléchir sur notre condition d’humains. Et si on avait le pouvoir de faire revivre un être cher, que ferions-nous? Sous ses airs de comédie de boulevard, le texte et la mise en scène d’Anne Nozière offrent surtout de belles réflexions sur la mort et la perte de l’être cher.
Étreintes brisées
Le rituel de résurrection en guise de plat principal s’avère être le clou du repas. Yeux grands ouverts, acteurs en transe, on tient le meilleur passage. Osmose. Vont-elle réussir? Spoilers s’abstenir. Clac, la lumière s’éteint, se rallume, s’éteint de nouveau, les plans se suivent, se construisent, se délitent, la mise en scène est précise. Chaque chose à sa place et chaque chose à sa place: tel pourrait en être le leitmotiv.
Pour inaugurer la salle Jean Vauthier, qui s’est offert un des travaux d’embellissement pendant l’été, le TnBA a misé sur la comédie pour réchauffer nos esprits en pleine descente du mercure. Mi-figue mi-raisin, Les Grandes Eaux est un spectacle travaillé avec précision qui pêche peut-être côté texte, mais qui offre de très bons moments humoristiques.