Big Brother La scène: un open-space d’une boîte de
consulting. Une paroi de glace sépare le public des comédiens.
Tout y est classe, pureté où chaque chose à sa place. En apparence. Au-dessus, un écran géant. Le spectacle débute sur scène et en même temps sur l’écran. Dans la fourmilière des bureaux, des caméramans suivent les comédiens pour nous dévoiler la vie de ces consultants. Hormis 3 ou 4 scènes enregistrées, tout y est représenté en direct.
Un pari fou.
Survivor Derrière ces jolis tailleurs, ces costumes trois pièces, se cachent des hommes & des femmes qui ne vivent (malgré eux) que pour leur boîte. Ils avaient une vie. Avant. Avant les promotions, l’envie de grimper les échelons, l’envie de faire virer son collègue, de gagner plein d’argent et de se retrouver à s’engueuler avec sa mère un 25 décembre au bureau. Les caméras, œil d’une hiérarchie avide de fric, sont un symbole pour montrer que
chacun épie tout le monde.
Dans cette ruche, les gens travaillent sans savoir sur quoi ils travaillent. Folie d’une société qui en demande toujours plus. Mais oui, ils sont heureux. Heureux comme ils pourraient le croire. Une vie sociale. Une quoi? Ils ont perdu tout sens de la réalité en dehors du bureau. En dehors de leur microcosme professionnel. La faute à qui?
The Apprentice Le collectif MxM mêle nouvelle technologie et théâtre pour un
résultat époustouflant : rendre compte de la déshumanisation de l’individu. Les textes de Falk Richter (dramaturge allemand) sont vibrants d’intensité, constamment partagés
entre l’envie de rire et de crier. Comment ne pas penser au scandale France Télécom où les employés, poussés à être toujours plus performant dans une entreprise qui ne les considère plus, perdent tout sens de la réalité et se suicident. Dans
Nobody, personne n’est à l’abri. Dénonciation d’un management en proie à la violence morale et même sexuelle.
Cyril Teste est un metteur en scène qui
combine avec brio la direction d’acteurs & la présence indispensable de la caméra. Tout est fluide, une sorte de long travelling où les acteurs restent dans leurs personnages même lorsqu’ils ne sont plus à l’écran. Il y un sens du rythme et du cadrage. Le spectateur a les yeux rivés partout, pour ne rien rater, pour tout comprendre.
Nobody, c’est un documentaire sur le management. Ça fait mal, très mal.
Mais
le plaisir est incommensurable.
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