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La nuit sous le pont de pierre

kedgejettelencre2020
Publié le 22/06/2020
La nuit sous le pont de pierre de Léo Perutz
J’ai décidé d’écrire une chronique sur un roman assez peu connu d’un auteur assez peu connu, mais un roman qui occupe dans ma bibliothèque personnelle une place assez particulière. Ma chronique porte sur le livre de Leo Perutz: La nuit sous le pont de pierre. Vous ne connaissez peut-être pas bien l’auteur : romancier autrichien du début du XXe siècle, il s’est spécialisé dans l’écriture de romans historiques et fantastiques, des romans hauts en couleurs, baroques, et souvent centrés sur une énigme comme un jeu proposé à son lecteur. La nuit sous le pont de pierre m’est encore plus précieux que ses autres œuvres, un livre qui ne me quitte pas et auquel je pense souvent. Une petite perle d’écriture, un monde foisonnant, un univers infini dans seulement 250pages. Voilà mon roman.

Le roman a toutes les apparences d’un recueil de nouvelles, quatorze histoires courtes avec à chaque fois des personnages différents. Nous sommes au XVIIe siècle dans la ville de Prague sous le règne de Rodolphe II, empereur du saint empire romain germanique, roi de Hongrie et de Bohême, amoureux des arts et des sciences mais piètre politique. Il finira renversé par son frère Mathias après une longue période de mélancolie dépressive. Mais Léo Perutz ne choisit pas de nous raconter directement l’histoire de cet empereur, on le croise de temps en temps. Les personnages principaux des quatorze récits sont : Koppel-Bär et Jäkkele- Narr, deux miséreux saltimbanques; Pierre Zaruba de Zdar, l’étudiant persuadé qu’il rétablira la religion réformée en Bohême... Je m’arrête là tant les histoires sont variées et mélangent des personnages nouveaux et plus extravagants que les précédents. Seulement, dans le décor, au fond du tableau, à chaque petite histoire, on reconnaît les ombres de personnages que l’on croit secondaires. Au détour d’une phrase ou à l’occasion d’une digression, on retrouve l’histoire lancinante de l’empereur Rodolphe et d’Esther, la femme si belle du juif Mordechaï Meisl sur qui repose toute la richesse de l’empire. Une histoire secondaire qui au fil des chapitres finit par s’imposer comme la plus importante. Une histoire de magie, de destin plus fort que les hommes, et au bout du compte une étrange histoire d’amour.

Comprenez-vous maintenant pourquoi j’aime tant ce livre? L’époque et le lieu que Léo Perutz nous raconte sont extraordinaires: Prague au XVIIe siècle. L’univers est baroque, il fourmille de détails, surchargé d’ornements et de fioritures. Dès les premières pages, le récit se teinte de merveilleux et d’onirique. On y croise des fantômes et des sortilèges, des prophéties et des malédictions, mais pour autant on ne quitte pas la réalité. Ce livre nous évoque la joie douce-amère de la nostalgie qui transforme les souvenirs en une histoire merveilleuse. Un monde intérieur à l’image du quartier juif de Prague fait de lieux, de personnages, et d’histoires fantastiques. Voilà mon roman.

Bibliographie