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Max

kedgejettelencre2020
Publié le 22/06/2020
Max de Sarah Cohen-Scali
Comment vivent les enfants nés dans un Lebensborn sous le Troisième Reich ? Inventé par Heinrich Himmler en 1935, ce programme a pour but de donner naissance et d’élever une génération aryenne pure. Avec ce livre, l’auteure apporte des réponses : elle nous emmène dans la vie quotidienne de Max, ses pensées, ses apprentissages et ses remises en question, de sa conception à l’aube de ses dix ans. Né le 20 avril 1936, comme Adolf Hitler, Max est considéré comme l’enfant aryen parfait et va grandir dans les plus strictes valeurs nazies.

La première fois que j’ai lu Max, j’étais en vacances à Bonn. Lire ce livre à la couverture rouge et représentant un fœtus avec un brassard nazi dans un jardin public allemand a été une expérience à la fois émouvante, glaçante et réconfortante.

Dans Max, j’ai tout aimé : la complexité du personnage principal ; la cruauté de l’époque exposée par de nombreux faits réels ; le fait que le roman soit écrit à la première personne, celle de Max ; la rencontre avec Lukas, un enfant polonais volé à sa famille pour être germanisé, qui va profondément changer le regard de Max sur le monde. Rien ne nous est épargné et la déshumanisation des personnes au sein des Lebensborn est flagrante. Toutes les pensées et tous les actes de Max nous sont confiés et retranscrits : nous vivons à travers lui.

Il faut parfois s’accrocher : lire Max est difficile. Les mots ne sont pas tendres, nous sommes confrontés à toute l’animosité nazie. Toutefois, Sarah Cohen-Scali met ici en lumière des enfants oubliés des livres d’histoire, nés dans un Lebensborn. On comprend les rouages mis en place pour que l’idéologie se maintienne, via l’éducation des enfants afin qu’ils deviennent des modèles. Ce pan de la sombre période nazie est peu connu et Max présente un intérêt historique sans équivoque.

On est bouleversé par l’histoire de ce petit garçon : on est dérangé par ses pensées, on sourit face à ses petits moments de bonheur, on est révolté face à ses décisions et seulement quelques pages plus tard, on ressent de l’empathie. Nous nous attachons à cet enfant qui semble si étrange, venu d’un autre monde. Puis, à la lecture des derniers mots, on réalise que cette fiction témoigne d’une réalité : des enfants ont vécu ces mêmes moments, ont été élevés de la même manière, ont dû trouver un nouveau sens à leur vie lorsque l’Allemagne nazie s’est effondrée.

Lire ce roman est une aventure émotionnelle et historique. Et je souhaite à chacun de pouvoir la vivre.

Bibliographie