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Glisser pour survivre

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Une actualité de Marilyn
Publié le 06/12/2017
Il y a des livres impossibles à raconter. Nous usons alors d'adjectifs qualitatifs tels que "magistral", "beau", "audacieux" mais sans pour autant parvenir à en dire plus. Plutôt que de tenter d'expliquer l'inexplicable, voici les meilleures citations - à mon sens - de Jeu Blanc (éditions Zoé) de Richard Wagamese.
"Ces gens, ici, veulent que je raconte mon histoire. Ils disent que je ne peux comprendre où je vais si je ne comprends pas où j’étais avant. D’après eux, les réponses sont en moi. En racontant nos histoires, nous, buveurs invétérés de mon espèce, nous pouvons nous libérer de la bouteille et de la vie qui nous a menés là. J’en ai rien à foutre de tout ça. Mais si ça veut dire sortir d’ici plus vite, alors je vais la raconter, mon histoire. "
 
"Nous avons besoin de mystère, avait-elle dit. Notre Créatrice, dans sa grande sagesse, le savait. Le mystère nous remplit de crainte et d’émerveillement, ce sont les fondements de l’humilité, et l’humilité, petit, est le fondement de tout apprentissage. C’est pourquoi nous ne cherchons pas à démêler cela. Nous l’honorons en le préservant ainsi pour toujours. » 
 

"Quand on t’arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d’où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C’est l’enfer sur terre, cette impression d’être indigne. C’était ce qu’ils nous enseignaient."
 
"La nature était une présence. Elle avait des yeux et j’étais surveillé. Mais jamais, je n’eus l’impression d’y être un intrus. Le soir, tard, je marchais dans les bois et j’avançais entre les arbres, jusqu’à en être tout enveloppé, douillettement protégé. Les étoiles qui faisaient des moulinets au-dessus de ma tête accomplissaient leur rotation à un millier d’années-lumière de là. Le temps, le mystère, le départ et l’union étaient tous là ensemble. Je me demandais si c’était ça être indien, Ojibwé. Un rituel. Une cérémonie ancestrale, simple et personnelle. si j’avais pu l’emporter avec moi dans la vie quotidienne du camp, les choses auraient peut-être été différentes."
 
" Il y avait une part de moi qui voulait désespérément combler ce vide que je ressentais entre les gens et moi. Mais il y avait une plus grande part que je n’arrivais jamais à comprendre. C’était cette part en moi qui recherchait la séparation. C’était la part en moi où bouillonnait à petit feu une rage dont je ne m’étais jamais débarrassé, et une part de moi qui savait que si jamais le couvercle sautait, alors je serais seul pour de bon. définitivement. Pour toujours. C’était cette part qui l’emportait toujours."
 
"Quand on est paumé comme je l’étais, on boit toujours pour oublier. Pour oublier les choses banales et admises comme un foyer, un boulot, une famille, des voisins. On boit pour oublier les pensées, l’émotion. L’espoir. On boit pour oublier parce qu’après toutes les routes qu’on a prises, c’est la seule direction qu’on connaisse par cœur. On boit pour oublier a n de ne plus entendre les voix, ne plus voir les visages, ne plus toucher les choses, ne plus sentir. On boit pour oublier a n d’effacer ce lieu que seuls les poivrots de la pire espèce connaissent; ce monde au fond du puits où l’on se réfugie dans le noir, hanté à jamais par la conscience de la lumière."

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