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A la croisée des mondes

kedgejettelencre2020
Publié le 17/06/2020
A la croisée des mondes de Philip Pullman
Lorsque l’on me posait, enfant, l’irritante question : « Que veux-tu faire quand tu seras grand ? », je répondais d’une voix timide « Je serai écrivain ». N’ayant jamais eu de console de jeux-vidéos ni télévision, je m’échappai et construisis mon imagination au travers des livres. La trilogie de Philip Pullman, À la croisée des mondes, a été un livre bascule dans ma jeunesse assoiffée de contes, romans fantastiques et mondes enchanteurs. Je la découvre à l’âge de neuf ans et l’ai vécu comme une véritable expérience personnelle. Explications.

Cette épopée narre l’histoire de Lyra, jeune fille issue d’un monde parallèle au style steampunk, qui lutte pour combattre l’hégémonie du Magisterium, organisation oscillant entre religion et politique autoritaire. Sa quête la mène à travers différents mondes, dont le nôtre, et elle y fait la rencontre de nombreux individus et créatures, humaines et fantastiques, dont Will, son futur amour et âme sœur.

J’ai d’abord été transporté par la richesse et l’étrangeté des mondes. Dans ces derniers se développent des personnages tous plus fascinants les uns des autres : les gitans nomades au sens aiguisé de l’entraide communautaire, les ours polaires à la force incommensurable, les sorcières mystérieuses à l’allure invincible, des anges aux apparences mystiques et les dæmons… Les dæmons. Quelle trouvaille ! L’idée d’avoir une personnification de son âme sous la forme animale, qui parle, change de forme à volonté avant d’en conserver une définitive l’âge adulte atteint, me séduit tout autant aujourd’hui.

Cet entrelac de fantasy palissait pourtant face à l’histoire d’amour naissant entre les deux protagonistes. J’espérais si vivement qu’une relation intime s’articule entre eux deux ! Quelle ne fut pas ma joie lorsque cela s’avéra, après de nombreux rebondissements. Je souris en songeant que ce sont ces histoires qui ont forgé la fibre romantique définissant, en partie, l’homme que je suis aujourd’hui.

Imaginez donc mon effroi à la fin du livre. Une seule porte entre les mondes communicants peut rester ouverte ; ils décident de laisser celle du monde des morts, afin que chaque défunt puisse fuir l’obscurité de celui-ci et se répandre en particules dans celui des vivants. Chacun doit alors retourner dans son monde d’origine. Ils se font la promesse de s’assoir à chaque équinoxe d’été sur un banc de la ville d’Oxford, pour se sentir proche, et de s’attendre dans le monde des morts pour franchir ensemble l’ultime seuil.

Intrigue intense. Style acéré. Histoire magistrale. Déchirante. Je m’en souviens comme si c’était hier : après avoir achevé la trilogie à Serre-Chevalier, je ne pouvais accepter pareil dénouement. Dans la voiture sur le chemin du retour, tard dans la nuit, alors la classe de CM1 commençait tôt le lendemain, je me suis saisi de feuilles blanches et d’un stylo. J’ai alors écrit pour la première fois. Une fin alternative où les deux êtres aimés pouvaient passer leurs deux vies ensemble.

Bibliographie