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En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut

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Une actualité de Adeline
Publié le 20/04/2016
En attendant Bojangles n’est pas un livre ordinaire. D’abord parce qu’il ne ressemble à aucun autre, sur le papier c’est d’ailleurs logique, chaque livre est différent, imaginez si les rayons des librairies contenaient uniquement des Germinals (faut-il alors dire des Germinaux ?) de Zola… Ensuite, c’est le premier roman publié d’un jeune auteur : Olivier Bourdeaut, et pour son arrivée dans le monde littéraire, sans doute loin de toute contrainte d’édition ou de style, le petit nouveau amène un grand bol d’air. En attendant Bojangles, c’est l’histoire d’un papa et d’une maman au quotidien complètement absurde ; et raconté à travers les yeux malicieux et plein de fantaisie de leur petit garçon. Nous avons donc l’équation suivante : absurde des adultes + fantaisie du petit = toute sorte de situations bien loufoques à l’effet comique certain. Autour de ce trio gravite une galerie de personnages secondaires assez jubilatoires, notamment le meilleur ami de la famille affectueusement baptisé « l’Ordure ». Le tout est ponctué par le « Mr Bojangles » de la diva Nina Simone, sur lequel les parents dansent régulièrement, et se rappellent leurs souvenirs. Avec une mention toute particulière au chapitre consacré à la rencontre des parents. Sans vous en dire plus, on est autant touché que l’on a envie de rire. Bojangles, c’est comme si le petit Nicolas débarquait boire des cocktails chez Colin dans l’Écume des jours. C’est le quotidien qui s’anime de façon délirante après avoir été touché par un coup de baguette magique. Il en ressort un petit bijou d’humour absurde et de tendresse. Mais ne vous laissez pas berner : derrière cette candeur sont présentes la nostalgie et la mélancolie. Au fil de l’intrigue, Bojangles n’est plus un simple outil de distraction, mais une source d’émotions qui oscille entre tragique et comique. Un peu comme la vie en fait, avec ses hauts, ses bas et sa jeunesse que l’on regarde de toujours plus loin. Il faut laisser à Olivier Bourdeaut le privilège de savourer sa réussite (prix France Culture-Télérama 2016, grand prix RTL-Lire 2016 et prix Roman France Télévisions 2016, s’il vous plait) et espérer qu’il ait encore de belles histoires à nous raconter. Si grâce à Apocalypse Now vous imaginez des hélicoptères américains charger des positions Viêt-Cong dès que raisonne du Wagner, vous remercierez Olivier Bourdeaut d’avoir donné à la chanson « Mr Bojangles » une émotion toute particulière, ou d’entendre Nina Simone chanter à la lecture de ce livre. Cela peut paraître étrange dit comme cela, car en général entendre des voix conduit souvent au bûcher, mais ici ce n’est rien d’autre que du plaisir. Pierre-Alexandre Coslin