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L’appel de Cthulhu

kedgejettelencre2020
Publié le 22/06/2020
L’appel de Cthulhu de H.P. Lovecraft
H.P. Lovecraft est un maître de l’horreur et de la science-fiction. Sa nouvelle L’appel de Cthulhu est un concentré de son génie.

Cet ouvrage se déploie à pas feutrés au fil d’un triptyque de témoignages. Le narrateur rassemble peu à peu les pièces d’un terrible puzzle cosmique. Il se penche en premier lieu sur l’esprit, à travers les écrits de feu son grand-oncle, avec un rêveur qui semble avoir eu vent de l’histoire de Cthulhu. Puis, la matérialité entre en jeu avec le témoignage d’un inspecteur de police qui a arrêté une cérémonie immonde dans une sombre forêt de La Nouvelle-Orléans et y a récupéré une statuette à l’effigie de Cthulhu.

Enfin, le lien entre tous les éléments est tissé par le narrateur lorsqu’il obtient le récit d’un marin qui a rencontré la réalité de ce qu’est Cthulhu. Le narrateur est un esprit scientifique qui s’attache aux faits et à la raison. Cependant, son chemin sur les traces de l’épouvante le mène à ce qu’il considérait comme de la folie au début de la nouvelle. L’horreur monte doucement tout au long du livre, suivant le cheminement de l’esprit du narrateur.

Chez Lovecraft, l’horreur n’est pas physique. Elle s’introduit directement dans l’esprit des hommes. Elle est un cauchemar, un tam-tam menaçant, une voix incompréhensible, une texture vaseuse, une nuit noire, une couleur verdâtre, une odeur pestilentielle, une vérité impossible. Elle prend possession de tous les sens de l’homme pour répandre la terreur au plus profond de son cœur. L’esprit faillit donc toujours face à ce qui le dépasse et se noie inévitablement dans une stupéfaction effroyable qui le tue. C’est finalement l’esprit du narrateur qui s’ébranle sur une révélation insoutenable et qui sombre dans la peur de ce qu’elle laisse entrevoir. Combien d’autres horreurs se cachent sous les mers et au-delà des cieux ? Combien de temps pourra-t-il vivre avec cet accablant secret qui le consume et qui déjà a écrasé son grand-oncle et bien d’autres ?

Cette magistrale nouvelle vient dire à l’humanité toute entière à quel point sa place est insignifiante. Les cycles des Grands Anciens et de toutes les monstruosités qui leurs ressemblent étaient là avant les hommes et leur survivront. Le passage de l’homme sur la Terre est éphémère et perpétuellement menacé par ce qu’il ne pourra jamais concevoir. Rien n’est immuable, nous dit Lovecraft, si ce n’est l’horreur.

Bibliographie