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L’élégance du hérisson

kedgejettelencre2020
Publié le 22/06/2020
L’élégance du hérisson de Muriel Barbery.
Récompensé par de nombreux prix littéraires et pourtant loin de faire l’unanimité auprès des critiques et des lecteurs, le deuxième roman de Muriel Barbery ne fait pas dans la demi- mesure. Adulé ou détesté, L’élégance du hérisson, intrigue. Sa romancière normalienne exhibe une culture débordante et un style unique que certains perçoivent comme le témoignage d’un précieux talent lorsque d’autres y voient la révélation d’une arrogance manifeste.

Dans un immeuble bourgeois du XVIème arrondissement, deux voix se font écho et nous offrent leurs réflexions sur la vie et le monde qui les entoure. D’un côté Renée, la concierge érudite, nous emporte dans la dissimulation de son intelligence inouïe. De l’autre Paloma, la riche adolescente surdouée et suicidaire, refuse de se plier au conformisme de l’élite auquelle elle appartient et nous emporte dans la satire sociale de son propre univers.

Porté par des valeurs d’amour et de culture, ce conte humaniste amène à une profonde réflexion sur les apparences et les multiples facettes de ce qui nous entoure. Les nombreuses digressions de ce récit lui apportent une résonnance philosophique et culturelle fascinante pour le lecteur souvent dérouté par l’introspection abondante des personnages. Cet hymne à la langue française au vocabulaire d’une richesse absolue nous plonge dans un huis clos intimiste, émouvant, parfois révoltant. Charmé par la poésie et la sensibilité de ce roman, le lecteur s’attache peu à peu aux personnages, pourtant si froids, antipathiques, presque stéréotypés. L’arrivée d’un nouveau personnage dissonant vient bouleverser cet écosystème aux allures impénétrables et apporte une bouffée d’air frais. L’histoire s’accélère et les personnages se dévoilent avec émotion et délicatesse, laissant entrevoir une lueur d’optimisme dans leur malaise. Alors que le lecteur ne détache pas les yeux de ce récit mélodieux, la plume élégante de Muriel Barbery nous offre une fin touchante et brutale, si inattendue qu’elle nous semble contraire à l’ordre des choses, presqu’incongrue. Ce sentiment d’inachevé laisse le lecteur dans un tourbillon d’amertume, nostalgique d’un récit si réaliste qu’il n’aurait jamais dû trouver de fin.

Ainsi est faite l’illusion de la vie, rares sont ceux qui en soupçonnent la fin et c’est aussi en cela que résonne la beauté de l’existence.

Bibliographie