Le cri d'un oiseau me tire subitement de mes pensées. Serait-ce un goéland ? Autour de moi, les passants semblent ne rien avoir remarqué, ils se croisent d'un pas pressé. Suite à cette interrogation, je me replonge dans l’éternel effet mer de Cécile Béné.
Embarquée dans la visite de Sète, sublime presqu'île de charme et de caractère, je suis comme happée par les rêveries de cette narratrice en quête de sérénité. Elle m'entraîne malgré moi dans un travail de réflexion qui me questionne et m'apaise.
Une nouvelle fois, je me surprends à lever le nez du livre, et à me demander comme elle. Suis-je la seule à lire les nuages sur cette plage, ou bien chacun en fait-il autant silencieusement ? L'invitation à la rêverie formulée dans l'avant-propos prend tout son sens. Le temps se suspend à la lecture. En lisant ce roman, je me promène dans les quartiers pittoresques de Sète, je flâne en bord de mer, je traverse les tableaux des grands maîtres de la peinture, je vole en compagnie des goélands, bref, je voyage immobile : illusion ou révélation ? J’ai l’impression de souvent me déconnecter, de m’évader, c’est cela, je vis cette lecture au-delà des lignes !
Souvent mes yeux s'attardent sur un mot, une jolie tournure. Les phrases sont courtes mais travaillées, percutantes. Les mots sont choisis pour nous faire sourire ou pour inciter à la contemplation. Ils sont parfois empruntés aux artistes qui ont aimé Sète et ont su exprimer la beauté de ce lieu. Ces clins d'œil contribuent à nous emmener vers la sérénité, appuyés par ce style : direct, élégant et poétique.
La poésie, cachée dans le moindre élément, m'apparait doucement. Il ne s'agit pas seulement d'ouvrir les yeux mais d'apprendre à reconnaître toutes les ressources qui s'offrent à nous et peuvent provoquer un sourire. Au fil des pages, le spectacle de la nature devient un émerveillement renouvelé, si bien que je comprends pourquoi l'instant présent devient moment d’éternité « Comme chaque matin, la répétition de cet instant magique produit sur moi un effet d’envoûtement pour mieux me faire pénétrer le secret du monde : l’unité du monde visible et invisible. Selon l’importance qu’on sait lui accorder, l’instant peut s’inscrire dans la durée ou se complaire dans l’éphémère. C’est l’effet mer. L’éternel effet mer. »
Ce livre m’enveloppe dans une atmosphère apaisante et protectrice au fil des pages. Je suis séduite par la sensibilité de ce roman et par ce qu’il a créé en moi. Une douce révolution s’opère : la vérité n'y est pas détonante, mais elle grandit à l'intérieur de nous et nous suit pendant et bien après notre lecture. Loin d'être moralisateur, ce roman initiatique forme une vague d'optimisme, qu'on contemple d'abord puis qui nous emporte inévitablement. Il suggère un lâcher prise et une introspection bénéfiques, révélant par un savant mélange d'humour et de poésie que chacun d'entre nous est animé par une profonde aptitude au bonheur.
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