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Le Marsupilami

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Publié le 13/05/2019
Le Marsupilami de Franquin et Batem
Tournez la page et plongez dans mon jardin. Celui-ci n’a pas de limites, chaque jour est synonyme de découverte des profondeurs et des mystères de ce labyrinthe végétal. Le matin est le moment idéal pour observer les premiers rayons du soleil se refléter sur la canopée. Les couleurs sont vives et la lumière intense. Les cris des félins raisonnent et le chant des oiseaux annonce en avance, lors de cette soirée de décembre, l’arrivée imminente du printemps.
Le personnage principal, élevé parmi les bêtes, n’a certes pas les qualités linguistiques des grands orateurs de son temps, mais attire notre engouement par son courage et sa dévotion. Il est le protecteur de sa famille et notamment de ses enfants, visiblement issus de trois unions tant ils sont différents. C’est alors que l’œil sombre d’un tigre, scintillant comme un cristal transpercé d’une lumière vive, illumine la scène. L’animal aux griffes acérées, entraîné par son instinct de prédateur, se projette en avant mais manque sa proie de peu. S’en suivent alors des scènes de combat poussant à leur paroxysme les concepts de bravoure et de pugnacité. Esquive, force, et endurance sont les clés de cette mise à mort.
Quelle tension!
D’autres personnages s’ajoutent à la scène tel qu’un chasseur, son fusil sur l’épaule, venant rompre l’équilibre naturel. Puis, un autre être humain, sans arme cette fois-ci, symbole du progrès illustré par la jeunesse. Il représente une nouvelle génération luttant pour un nouvel ordre écologique liant les Hommes aux animaux et prônant le pacifisme comme solution logique à tout conflit. Les inspirations sont claires et le rythme rapide. Goscinny et Kipling guident le crayon avec lequel Batem reflète à la perfection cette vision de l’Amérique du Sud, lieu de liberté, de cruauté et d’expression d’instincts primaires. C’est avec délectation que nous suivons l’auteur qui, empreint d’ironie, renverse les codes, mettant en scène un homme blanc mis en échec par une nature indomptable. La chaine alimentaire est bouleversée par un être qui s’approche pour nous saluer: « Houba Houba » s’exclame-t-il.
Oui c’est lui, notre ami, Marsupilami.
Nous avons tendance a promouvoir notre œuvre préférée guidés par les émotions ressenties lors de notre première lecture. Mais c’est quand nous ne pouvons plus compter le nombre de journées et soirées passées à lire, que nous nous rendons compte des différentes perspectives possibles. Que ce soient les réactions exacerbées et l’incompréhension de l’enfant en bas âge que j’étais ou les différents liens tissés par l’expérience et la vision plus réaliste du jeune homme que je suis devenu. Ces images fixes évoluent avec le lecteur. Les perceptions changent afin de garantir un tout puissant et symbolique, déconnecté de tout immobilisme temporel. Alors lisez, vous aussi, les aventures de notre bête au poil jaune et noir, partagez les et donnez au monde votre impression personnelle.

Bibliographie