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Les lycéens écrivent aussi (5e édition – billet n°1)

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Une actualité de Marilyn
Publié le 06/11/2013
Billet portant sur Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute   « Ecoute, je voulais te demander… C’est un peu pour ça que je suis venu… je voudrais savoir… que s’est-il passé ? Qu’est-ce que tu as contre moi ? ». Ces paroles introductives de la pièce de théâtre laissent comprendre au lecteur que le thème principal de l’histoire portera sur un échange douloureux entre deux personnes. Cela est confirmé par le jeu de mots du titre Pour un oui ou pour un non suggérant non seulement l’apparente futilité du désaccord mais aussi le motif verbal de ce dernier et enfin une divergence fondamentale, irréductible sous-entendue par les deux termes antithétique « oui » et « non ». Pour un oui ou pour un non est une pièce de théâtre composée par Nathalie Sarraute, publiée en 1982 et adaptée au théâtre en 1986. Elle y raconte l’histoire de deux amis proches (H.1 et H.2) qui règlent leurs comptes chez ce dernier. H.1 réussit, avec beaucoup d’insistance, à faire avouer à  son ami la cause de son éloignement. Il s’agit d’une réplique de H.1, décrite par H.2 comme étant désobligeante : « C’est biiiiiien… ça… » avec un accent sur le « bien » et un « suspens avant le ça ». Tout au long de l’œuvre les deux amis ne cessent de se critiquer et de se taquiner sur des points qui les blessent. N’arrivant pas à se calmer, ils font appel aux voisins de H.2, qui ne comprennent pas l’ampleur exagérée de la situation. Ils finissent tout de même par un commun accord : envoyer tous les deux une « demande » afin que leur amitié soit « invalidée ». Cette pièce de théâtre met en scène à la fois les différents comportements des personnes et les différents langages adoptés. Tout d’abord, Nathalie Sarraute nous montre deux types de comportements opposés que l’on retrouve dans notre quotidien : il y a les personnes, plutôt extraverties et sûres d’elles, qui misent tout sur la réussite sociale, qui ne cessent de vouloir avancer, régler les conflits et d’autres, plus introverties, moins pragmatiques, moins à l’aise dans la société et en société qui préfère parfois le silence face aux problèmes.  Ensuite, il y a deux types de langage adoptés : celui plutôt assertif, rationnel et assuré, un autre de l’ordre du ressenti, de la « préscience », du non-dit et du « non » tout court. Ces langages définissent les personnes car bien souvent, le comportement d’un être humain est lié à sa façon de s’exprimer. Afin de mieux illustrer cela, l’auteur met en scène des personnages dont on ne connaît pas l’identité. On ne les identifie que par une initiale en majuscule suivie d’un chiffre, la première est en relation avec leur sexe, le second avec leur ordre d’apparition dans la pièce (H.1 signifie que c’est un homme et c’est lui qui prend la parole au début de la pièce, H.2 et H.3 qu’il s’agit de deux autres hommes s’exprimant en suivant et F. que c’est une femme). Nathalie Sarraute cherche donc à se concentrer sur la parole de ses personnages et sur la confrontation de leur point de vue via cette dernière et non sur leur identité. Pour aller plus loin dans l’analyse de l’œuvre, on peut dire que H.1 représente le « oui » de l’histoire, du titre, alors que H.2 représente le « non ». Il faut reconnaître à cet auteur un talent d’analyse du comportement et du langage humain. Elle arrive, dans sa pièce de théâtre, assez courte, à nous décrire deux portraits extrêmes du genre humain qui, peut-être, ne sont que la double facette d’un même individu, chacun de nous ayant en son sein un peu de « oui » et un peu de « non ». En tout cas, on se laisse prendre au jeu de l’argumentation de chacun des personnages, on « entre » dans le raisonnement de chacun et on comprend toute la puissance à la fois créatrice et destructrice du langage qui, par le biais des mots les plus anodins, les plus familiers, les moins polémiques, peut remettre en cause le bel édifice d’une amitié ancienne qui ne reposait peut-être que sur des faux-semblants et autres malentendus… Billet de Marion Amette, étudiante en B.T.S. Assistant de Management deuxième année

Bibliographie