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Les lycéens écrivent aussi (6ème édition – billet n°15)

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Une actualité de Marilyn
Publié le 13/02/2015
Billet  portant sur La Part de l’Autre d’Eric-Emmanuel Schmitt part de l'autrelogocondorcet214328Titre énigmatique qui laisse suggérer qu’au sein de chaque homme, il y a un double négatif. C’est ce dédoublement que met en scène l’auteur à travers un double récit celui de la dure réalité de l’histoire d’Adolf Hitler, mais également celui de ce que ce personnage aurait pu devenir dans d’autres circonstances. L’auteur se base donc sur le fait que ce qui a fait prendre une autre dimension au cours de l’histoire de l’humanité est le fait qu’Hitler fut recalé à l’entrée de l’académie des Beaux-arts. Dès lors, l’auteur mène en parallèle deux récits, l’un de la vie d’Adolf Hitler, recalé aux Beaux-arts, qui va devenir le monstre sanguinaire que nous connaissons tous, l’autre de la vie qu’aurait pu avoir Adolf Hitler, admis aux Beaux-arts, celle d’un artiste peintre en quête de lui-même et de perfection artistique Ce roman contient deux récits qui s’entremêlent tout au long de l’ouvrage et qui nous plongent dans une sorte d’ambiance bipolaire. C’est-à-dire que nous lisons une partie ou Adolf H est un peintre qui expérimente ses œuvres et va de conquête en conquête, puis suite à un saut de ligne nous changeons d’ambiance en nous projetant avec un Hitler totalement fanatique et imbus de sa personne ayant pour objectif de « sauver l’Allemagne en perdition ». L’auteur différencie bien les deux Adolf Hitler, le peintre est nommé Adolf H. et le nazi est nommé Hitler. Cette distinction nous permet de mieux nous y retrouver lors de changements successifs de personnage. Schmitt a donc réalisé un très bon livre sur un sujet « casse-gueule » comme en témoigne un ami de celui-ci car il s’agit d’un sujet plutôt compliqué à aborder, il faut réussir à parler et raconter la vie d’Hitler tout en étant objectif et avec du recul. Ce travail est dans les cordes d’un historien qui tend à l’objectivité, mais je pense qu’il est dur pour quiconque de ne pas prendre parti sur un sujet tel que celui de la vie d’Hitler et des horreurs que cet homme a fait subir à la planète. Éric Emmanuel Schmitt ne sombre pas dans la caricature facile, il arrive à décrire les choses telles qu’elles devaient être en réalité, du moins il rend compte avec réalisme et vraisemblance des faits tels qu’ils auraient pu (et se sont peut-être) produits, sans sombrer dans l’excès ni l’horreur. Certes, il décrit Hitler comme un personnage fanatique, borné, ignorant la réalité etc… ce qu’il était évidemment. Mais il n’oublie pas le côté orateur-né de cet homme, sa capacité à se faire idolâtrer des autres, il n’oublie pas non plus son amour pour les animaux, sa dure vie avant de rentrer en politique… Détails qui amènent plus de complexité au personnage et donc le rend plus vivant. Cet auteur a également réussi le fait d’imaginer une vie toute autre pour Adolf Hitler tout en étant fidèle à l’époque, aux courants artistiques, aux dates, aux lieux… Il fait preuve d’une grande connaissance à ce sujet, résultat certainement de longues recherches. Il parvient très bien à créer une autre identité à celui qu’on connait d’habitude comme « le führer » du 3ème Reich. Cet Adolf Hitler peintre est physiquement le même, il vient de Linz, va en Allemagne etc… Des traits sont ressemblants à celui qui a réellement existé, mais le caractère et la façon de penser ne sont pas les mêmes, c’est surtout cela qui les différencie. En effet, dans les deux cas on apprend qu’ Adolf Hitler a une mère décédée du cancer du sein, un père fonctionnaire qui était alcoolique et violent, de la famille à Linz, un rêve d’artiste et autres. Mais ces éléments objectifs sont appréhendés, vécus différemment, cela renforce la cohérence du dessein de l’auteur et donne de la plausibilité à cette autre vie rêvée, à ce qu’aurait pu vivre Adolf Hitler si les Beaux-arts l’avaient accepté. Ce livre est donc pour moi une vraie réussite avec d’une part, un aspect romanesque mais aussi historique avec ces deux récit d’histoire retranscrite de façon détaillée, précise et nuancée, d’autre part, un aspect philosophique qui nous interroge sur les parcours de vie, la part du hasard, la part de chance, la part de déterminisme et la part de volonté personnelle qui forgent le destin de chacun. En cela, il nous renvoie aussi à nous même et aux choix que le l’on peut faire. C’est un livre profond mais facile à lire. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai donc lu ce bel ouvrage, je le recommande vivement. Billet de Esteves Andrews, étudiant en B.T.S. Commerce International première année 

Bibliographie