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Les lycéens écrivent aussi (6ème édition – billet n°16)

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Une actualité de Marilyn
Publié le 03/04/2015
Billet portant sur Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome logocondorcet214328Après un premier recueil de nouvelles lui servant de test face aux critiques occidentales, Fatou Diome publie cette biographie teintée d’autobiographie qui présente une description teintée de nostalgie mais aussi d'une certaine lucidité quant à la condition de la femme en Afrique mais aussi de la difficulté de s'intégrer lorsqu'on est issu d'une culture différente. La diversité des membres de la petite communauté de l'isolée Niodor nous fait découvrir ici les facettes d'une Afrique si proche de nous, mais pourtant si lointaine avec ses idéologies et croyances désuètes, dont les nouvelles générations rêvent chaque jour de s'échapper. Le « sésame » à l’exil et à la prétendue réussite est ici symbolisé par le ballon rond. Le Football est en effet le véritable fil rouge narratif qui unit et révèle des personnages bien plus profonds qu'on pourrait le croire au premier abord. Il est aussi et surtout un symbole des espoirs sénégalais et de leur complexe d'infériorité quant au monde occidental. Il est enfin un miroir aux alouettes, comme l’est ce désir d’exil vers l’Europe, perçue comme une terre d’accueil et l’Eldorado où il faut se rendre pour faire fortune ? “La ventre de l'Atlantique” est donc un très bon roman qui apprend autant de l'auteur qu'au lecteur tout au long des pages dévoilant cette différence de perspective entre les protagonistes. Le lecteur devient alors voyageur grâce au style d'écriture très fluide et imagé de Fatou Diome qui nous transporte au Sénégal ainsi que dans le passé avec des coutumes très éloignées de notre mode de vie actuel. Personnellement, j'ai adoré ce livre. Pourquoi ? J’ai été touché par la dualité du personnage de Salie tiraillée entre son pays d'accueil et les traditions de son pays d'origine qu'elle comprend malgré tout. La découverte d'une culture qui m'était inconnue m'a aussi beaucoup plu, il est vrai que d'un point de vue strictement occidental, si la vie niodioroise paraît désuète, elle reste cependant emplie de traditions qui en font aussi le charme et rend cette œuvre si intéressante car c'est cette découverte d'une culture différente que l'on ressent et parcourt à travers ces quelques 255 pages. Ce que j'ai aussi beaucoup aimé et qui ne me paraissait pas évident à comprendre dès les premières pages c’est la place démesurée occupée par le ballon rond dans cette société : le football apparait bien plus qu’un simple sport, il est ce qui lie et unit parfois les protagonistes de cette biographie, eux qui se sont tellement déchirés et empoignés quelques pages auparavant. En effet il est tout d'abord un fantasme pour un enfant, un rêve à travers des matchs internationaux suivis à travers l'unique télévision du village puis un lieu de rassemblement dans la maison d'un homme du village quelques années plus tard. Cette télévision devenant ainsi la valeur étalon de l'évolution d'un enfant devenu un homme. A côté de ces symboles forts et plutôt positifs, le football est aussi ce mirage qui cristallise les envies et détruit les vies. Rien n’est simple dans ce livre et c’est précisément en cela qu’il est si passionnant car il reflète la vie tout simplement avec ses ratés, ses doutes, ses illusions mais aussi cette soif de s’en sortir ainsi que ce besoin d’amour qui animent les personnages et les rendent si attachants. Lisez ce livre ; vous verrez les Sénégalais sous des facettes variées et, pour certaines, inédites. Billet d’Adrien Rongier Bores, étudiant en B.T.S. Assurance 

Bibliographie