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Les lycéens écrivent aussi - 8ème édition - billet n°1

Jour sans faim - Delphine de Vigan - collection J'ai Lu
Une actualité de Libraires
Publié le 10/11/2016
Billet portant sur JOURS SANS FAIM de Delphine de Vigan
Elle ne peut plus s’asseoir Laure. Elle n’a plus que la peau sur le tas d’os qu’elle était devenue et ce fin coussin pour s’asseoir fait plus de mal que de bien.
Elle doit guérir Laure. Elle doit guérir puisque d’autres sont dans de pires situations qu’elle. Elle a juste à manger et la vie lui reviendrait.
Et petit à petit, elle mange et danse Laure. Elle mange et danse au rythme du sang qui coule dans ses veines. Elle ne pouvait plus faire ça avant, avant elle avait froid.
Avec de l’espoir et du courage, elle s’en sort Laure.

Jours sans faim est un récit autobiographique de Delphine de Vigan, plus exactement une autofiction car elle adopte une identité d’emprunt comme pour mieux prendre ses distances avec l’enfer vécu ou encore donner à son témoignage une portée plus générale : Laure, c’est elle, c’est aussi n’importe quelle jeune fille atteinte de cette maladie consistant à s’affamer pour mieux s’affirmer mais aussi se détruire ;
C’est son premier livre, publié aussi sous pseudonyme. Delphine de Vigan nous fait suivre le parcours de guérison de Laure, 19 ans, anorexique mentale. Elle n’a plus la force de vivre ni de mourir ni de rien. Elle est seule avec sa maladie. On suit les étapes de la re-nutrition durant 3 mois dans un hôpital de banlieue parisienne.

Ce récit m’a beaucoup plu, il m’a permis de découvrir la maladie de l’anorexie mentale et de la comprendre mais également de voir comment on pouvait en guérir. L’auteur a choisi de mettre l’accent sur l’hospitalisation de la jeune fille alors que la maladie a déjà pris une ampleur dramatique menaçant la vie de l’adolescente. Quelques explications nous sont données sur les causes de la maladie, on se doute que le milieu familial perturbé et perturbant n’est pas étranger à celle-ci mais les faits se sont que suggérés. De même, on n’assiste pas au quotidien de Laure avant l’hôpital, le roman débute au moment où elle décide de se faire soigner et c’est ce combat décisif contre la maladie qui est relaté dans ce livre. Un combat difficile dont l’issue parait toujours incertaine, même à la fin et malgré les progrès accomplis. Là réside l’originalité de ce récit car si l’anorexie est une maladie assez médiatisée, rares sont les témoignages axés sur les séjours hospitaliers qui s’avèrent vitaux dans certains cas.

« Vous n’avez pas besoin de mourir pour renaître. » C’est la citation qui, pour moi, représente parfaitement ce roman. Laure n’est pas morte mais elle n’est pas restée vivante pour autant et tout au long du roman, on revit avec elle. On redécouvre ce qu’est la vie, ce qu’implique le simple fait de manger. On vit cette renaissance « en direct » tant le style d’écriture de Delphine de Vigan nous implique dans l’histoire. On plonge dans les pensées de Laure et cela nous permet de l’accompagner dans sa guérison. Au début, on est comme anesthésié du monde et tout le long du récit, on renaît avec elle.
C’est un témoignage poignant et touchant qui nous permet d’affiner notablement et même de rectifier l’image de l’anorexie qui nous est montrée dans les médias.

Lisez ce livre, vous ne le regretterez pas ! Vous serez touché par Laure, cette jeune fille à la fois si fragile et si forte, pleine de douceur et de souffrance, en un mot tellement touchante. Surtout que le sujet ne vous rebute pas, certes il est grave et la mort rôde, les conséquences terribles de la maladie (comme la stérilité pour l’une des patientes) ne sont pas occultées et pourtant le récit est irrigué par la vie et par endroits, la façon dont les choses sont dites dessine un sourire sur le visage du lecteur.

Billet d’Elisa Dupont, étudiante en BTS ASSISTANT DE MANAGER première année - Lycée Condorcet

Bibliographie