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Les lycéens écrivent aussi - 8ème édition - billet n°4

Un barrage contre le pacifique - Marguerite Duras - collection Folio
Une actualité de Libraires
Publié le 10/11/2016
Billet portant sur Un Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras
Dans son roman d’inspiration autobiographique, Marguerite Duras dénonce de façon violente l’injustice des blancs coloniaux envers les habitants d’Indochine durant la première partie du vingtième siècle. Se basant sur les souvenirs de son enfance, elle nous livre une description très détaillée des conditions de vie de l’époque, et nous peint une toile remplie à la fois d’exotisme mais aussi et surtout, de grande misère. Nous sommes plongés au cœur de larges plaines bordées, d’un côté d’une jungle luxuriante et hostile, et d’un autre côté, de la mer déchainée du Pacifique. C’est au milieu de ce décor tropical que l’auteur nous raconte l’histoire d’une mère et de sa lutte incessante contre l’administration coloniale. Ces derniers lui octroient en échange de tout son argent, une concession incultivable à cause des fortes marées du pacifique. Malgré la construction de nombreux barrages, la nature elle aussi semble lui rappeler le caractère impuissant de son combat. Un jour, en ville, la mère et ses deux enfants, Joseph et Suzanne, font une rencontre opportune, celle de M. JO, riche fils d’un planteur du nord de la chine. Ce dernier tombe sous le charme de Suzane et la mère y voit un moyen d’obtenir un peu d’argent. Et la femme forte, courageuse, intrépide face aux aléas de la nature et à la malhonnêteté administrative devient elle-même monstrueuse en voulant se servir des charmes de sa fille pour mieux extorquer des cadeaux de plus en plus onéreux au pigeon fortuné qui a eu le malheur de s’intéresser à Suzane. Ce dernier désespéré finit par lui offrir un diamant. C’est alors le départ vers la capitale pour le vendre. A la ville, la famille s‘éparpille. La mère passe ses journées à chercher un acheteur potentiel, Joseph disparait dans les hauts et bas quartiers, Suzane rêve d’une autre vie, à travers le cinéma. Mais rien ne se passe décidément comme prévu et même les plans les mieux organisés peuvent échouer…

C’est un livre fort, sans concession, porté par une écriture qui nous emporte, par la précision des détails et descriptions, dans ce monde impitoyable dominé par la figure maternelle qui ne cesse de lutter envers et contre tout pour préserver sa famille et son domaine. Il faut un certain temps pour entrer dans l’histoire, s’imprégner de l’atmosphère, les détails sont nombreux de même que les descriptions, il faut aussi s’habituer au parler assez vulgaire de Joseph et Suzane.

Et pourtant c’est l’ensemble de tous ces éléments qui vont caractériser et nous faire ressentir l’ennui et la misère qu’ils vivent au quotidien. On se met alors à espérer, tout autant que cette famille, qu’une opportunité se présente et les amène à une vie bien meilleure. On devine tout de même que le conte de fées rêvé n’aura pas lieu. On accepte alors amèrement la dure réalité de leur vie et on salue d’autant plus le courage de cette femme forte, qui n’aura cessé de se battre pour le bonheur de ses enfants. Un roman dur, triste et poignant, mais aussi un roman révoltant. Il décrit un monde où règnent l’injuste et la misère. Un monde qui, presqu’un siècle après, subsiste encore.

Billet de Samantha Pussacq, étudiante en B.T.S. Assurance - Lycée Condorcet

Bibliographie