Chargement...
Chargement...


Les oubliés du dimanche

kedgejettelencre2020
Publié le 17/06/2020
Les oubliés du dimanche de Valérie Perrin
Sur la couverture du livre : une femme, une valise à la main, une plage et une mouette.
Toute l'histoire est ici tellement bien résumée.

Les oubliés du dimanche, ce sont toutes ces personnes âgées, bien souvent
abandonnées par leurs familles, enfermées dans cet hospice de Milly, en Bourgogne. Justine
Neige, vingt et un ans, y est aide-soignante.

« Nous, les aides-soignantes, nous sommes les gardiennes du temple des amours
passés. Mais ça ne se voit pas sur notre fiche de paye » : au-delà d’être un sujet plus que
d’actualité, cette phrase résume bien l’intrigue de ce roman. Dans cette maison de retraite,
Justine est la gardienne des secrets de ses pensionnaires : elle aime collecter leurs histoires ;
et notamment celle d’Hélène, 93 ans qu’elle écrit dans son fameux carnet bleu.

Commence alors un chassé-croisé d’histoires mêlant le passé, le présent et le futur. La
vie passée d’Hélène se joint à celle de la jeune Justine, par leur beauté et leur côté intense et
dramatique. Oui, parce que si la vie de la vieille dame est synonyme d’amour, de guerre, de
la Gestapo et de déportation ; celle de Justine est loin d’être simple aussi. La sienne a
basculé le jour où ses parents se sont tués dans un accident de voiture avec son oncle et son
épouse. Depuis, elle tente de mettre des réponses sur un trop grand nombre de questions.
Depuis, elle vit exclusivement pour son cousin, qu’elle considère comme son petit frère.
Depuis, elle ne vit qu’avec des vieux sauf quand elle va se défouler au Paradis, la boîte de
nuit du village où elle flirte avec des hommes à qui elle ne s’attache jamais. Et si l’histoire
d’Hélène la menait dans une enquête sur sa propre famille ? Et si les gens qui l’entouraient
depuis toujours n’étaient pas ceux qu’elle pensait ?

Ce récit est une invitation au voyage. Un voyage dans la vie de ces deux femmes que la
vie n’a pas épargné. Un voyage dans le temps. Un récit plein de poésie et d’humanité sur la
mémoire et la transmission. Les oubliés du dimanche fait partie de ces livres qui ne nous
laissent pas insensibles et nous font ressentir une multitude d’émotions différentes : de la
tendresse et de l’amour pour Justine et Hélène, de la tristesse et de l’injustice pour cette
foutue guerre et ses mensonges. De la haine pour les révélations qui parsèment le récit.
Bref, on rit, on pleure, on réfléchit... Le tout sublimé par l’écriture de Valérie Perrin, une
écriture subtile, profond et poétique. En créant une tension, un suspens, qui malgré des
mots bien choisis, ne pourra jamais nous préparer à la brutalité d’une réalité crue à la fin du
récit, l’auteur nous invite à réfléchir sur notre propre vie, nos choix. Sur la possibilité de
savourer chaque instant, de profiter de nos proches. Sur notre comportement vis-à-vis
d’autrui.

Bibliographie