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Lettre ouverte à Javert

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Les Misérables - Victor Hugo
Publié le 05/04/2017
Découvrez les chroniques des participants au concours Kedge Jette l'encre - édition 2017

Lettre ouverte à Javert

 

Cher Javert,

 

        Tu n’auras jamais l’occasion de me rencontrer, mais cela fait maintenant 8 ans que j’ai fait ta connaissance Personnage complexe de mon grimoire préféré, tu m’as souvent aidé à tomber dans les bras de Morphée.

        Aussi, c’est avec plaisir et humilité que je t’écris à présent ces quelques lignes, qui célèbrent la grandeur et l’ambiguïté de ton personnage, bien trop souvent perçu comme l’un des plus misérables dépeint par Hugo.

        Juste, tu es. Tu me diras sans doute que cette qualité te vient de ta profession. Mais pour moi, il n’en est rien. En laissant s’échapper Valjean, tu as désobéis aux lois que tu suivais scrupuleusement pour obéir à la tienne. Antigone aurait salué ton courage. Mais, tout comme elle, cet acte a causé ta perte et j’en suis éplorée.

        Persévérant et rigoureux, tu es devenu au fil du roman. Il est vrai que tu as longtemps couru après ce sacré Valjean. Tel un aigle traquant sa proie, tu aurais tant voulu le saisir entre tes serres. Quelle force de caractère !

        On ne peut oublier de souligner ta vivacité d’esprit. Toi, qui seul a deviné que sous le masque de M. Madeleine se cachait finalement cet ancien forçat que tu as toujours détesté.

        Certes, on te reprochera d’être intransigeant. Mais cette intransigeance n’est pas anodine. Non. Elle est mûrement travaillée. Dressée pour te protéger d’un monde bien trop belliqueux.

        Ton marionnettiste disait de toi : « Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mère, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d’une louve, et ce sera Javert ». Et dire qu’à présent, ce sont ces loups qui viennent se jeter sur ta charogne…

        Javert, tu ne peux savoir à quel point je te comprends et je méprise ceux qui te haïssent. Comment dissimuler cette violence qui m’anime lorsque l’on doute de ton intégrité ? Toi qui n’a jamais voulu être grand, sublime, sinon irréprochable.

        Oh, si tu savais comme j’ai appris de tes erreurs. Moi qui suis tout aussi procédurière que toi ….

        Pourtant, malgré ces similitudes, tu restes distant et mystérieux… Si bien que tu es le seul personnage que je n’arrive à me figurer. Tous ces acteurs ou chanteurs qui tentent d’usurper ton identité dans des films ou comédies musicales ne m’aident en rien. C’est sans doute que je ne te connais pas encore assez. Ou peut-être est-ce aussi dû à tes multiples  facettes…

        Javert, ton passé m’émeut, ton présent m’impressionne, et ton futur m’attriste.

Tu as le monde à dos. Mais sache que moi, Javert, je ne t’abandonnerai pas.

 

Amicalement,

 

A.