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Ophélie Vidal

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Publié le 12/05/2017
Prix cordées, collège

       Qu'est-ce qui fait de vous ce que vous êtes ? Votre carte d'identité, votre nationalité, vos origines, votre famille, vos amis, votre caractère, ou peut-être, vos souvenirs, ou vos actes ? Pour ma part, je ne sais pas vraiment ce qui me définit... on a tellement d'identités différentes face aux personnes qui nous entourent.

 

        Mais qui sommes-nous, par rapport à la Terre, à l'Univers, au Temps et à la Mort ?

 

       Un tas de cellules, d'atomes, une seconde parmi des milliards d'années, une simple âme à faucher. Je n'ai que quinze ans, et déjà, ces questions me trottent dans la tête. Qui suis-je, vraiment, face à cette immensité ? À vrai dire, si j'écris cela, c'est parce que cette année, en classe, on nous a incités à réfléchir sur le genre autobiographique. Et il faut écrire sur soi. 

 

       Je n'ai que quinze ans, pas soixante ans ! Je n'ai pas vu assez de choses, je n’ai pas vécu assez longtemps. La vie d'une adolescente n'est intéressante que lorsque l'auteur a vécu une guerre, ou un évènement important. Ma vie est d'une banalité morbide. Mais bon, il faut se prêter au jeu.

 

       Quand j'ai commencé à me poser toutes ces questions, je crois que j'avais sept ans à peu près. Je me souviens, cette journée était ordinaire, rien de très intéressant. Enfin, c'était plutôt une soirée.

 

       Nous étions chez mes grands-parents, ma sœur, mes deux cousines et moi. Ma sœur et la plus grande de mes deux cousines étaient sorties pour se promener dans le village. Ma cousine (la plus petite, qui avait seulement deux années de plus que moi) et moi, ne sachant pas quoi faire, avions décidé de partir en balade nous aussi.

 

        La nuit était déjà tombée, mais il faisait très doux. Les grillons chantaient, une douce brise faisait voler nos cheveux, et le ciel noir de la nuit brillait de ses plus belles étoiles.

 

       Nous marchions vers le parc où il y avait deux chemins : l'un nous faisait passer par les champs et nous faisait arriver derrière l'église du village. L'autre, on l'appelait le chemin de la Forêt Interdite ou le chemin de Mirkwood parce que nous étions de grandes fans d'Harry Potter et du Seigneur des Anneaux (nous le sommes toujours, d'ailleurs, mais ce n'est qu'un détail). Ce dernier chemin nous emmenait dans les bois. Nous avons décidé en même temps, avec ma cousine, que nous passerions par là.

 

       Nous avons marché encore un petit moment, jusqu'à ce que nous arrivions dans mon endroit préféré : une petite plaine, entre les arbres. Normalement, nous n'y allions que le jour, jamais la nuit. Pourtant, je me suis rendue compte, cette soirée-là, du magnifique spectacle que nous manquions chaque soir.

 

       Quand nous sommes arrivées, il y avait une vingtaine de lucioles qui éclairaient l'endroit. J'ai regardé ma cousine et je me suis mise à courir à travers la plaine, jusqu'à ce que je tombe dans l'herbe humide. 

 

      Ma cousine me rejoignit rapidement et nous regardâmes les étoiles pendant près d'une heure. C'est à ce moment précis que cette question me vint à la tête : qui suis-je, vraiment, face à cette immensité ? Qu'est-ce qui me définit ? Qu'est-ce qui fait de moi qui je suis ? 

 

     Une seule question en avait soulevé des dizaines d'autres. J'étais face à l'Univers, dos à la Terre, et au Temps qui s'écoulait, et qui me rapprochait lentement de la Mort.

 

     J'étais comme face à un jugement, un jugement de la Vie. Je fus prise d'une angoisse soudaine. Et si ces questions restaient sans réponses ? Si je n'arrivais pas à répondre à même l'une d'entre elles avant de mourir ? 

 

       Voilà comment à sept ans, j'en suis venue à me poser toutes ces questions. Bien entendu, je me les pose toujours. Et je n'ai toujours pas trouvé de réponses. Mais je compte bien vivre ma vie jusqu'à en trouver…