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Persepolis

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Publié le 13/05/2019
Persépolis de Marjane Satrapi
Elle est née en Iran. Je suis née en France. Elle avait 10 ans. J’ai 20 ans. C’était il y a 40 ans. C’est en pleine adolescence et à une époque singulière que j’ai découvert le cheminement d’une autre femme, dans un pays différent du mien.
Ce fut sa confrontation avec, la guerre, l’exil et la perte de repères au moment crucial du passage de l’enfance à l’âge adulte.
Ce fut ma rencontre avec, l’allégresse, l’évasion et l’indépendance, à un âge où sa vie a commencé à être dirigée par les changements politiques de son pays.

Marjane Satrapi a vu sa vie basculer en 1979, lors de la « Révolution Islamique » de son pays. Persépolis est son autobiographie, décrite et illustrée en noir et blanc. Sa narration est ici rythmée par les différentes « métamorphoses » de l’être et se présente en plusieurs tomes, quatre au total, dont les épisodes décrivent son itinéraire en tant que femme iranienne.

Marjane m’a offert l’opportunité de pénétrer l’histoire de l’Iran. Lors de ma lecture, je traverse d’abord les siècles pour arriver à l’ère de l’islamisation de la Perse. C’est une épreuve de mise en situation particulièrement vraie et actuelle à laquelle je fais face, à travers les questions posées sur le foulard par la fillette de 10 ans.

Au fil de ma lecture, je suis témoin de sa maturité, mais aussi de sa révolte grandissante. Elle m’accorde une certaine fraîcheur malgré la situation angoissante, et me permet de vivre les événements de l’intérieur de l’Iran. Survient alors un bouleversement. La guerre avec l’Irak, la fermeture des universités, la répression des forces de l’ordre islamiques et la quasi-abolition des droits des femmes. Mais je continue de suivre l’histoire de la jeune fille devenue adolescente.
Marjane est dès lors seule en Europe, venue afin de pouvoir poursuivre ses études et s’éloigner de la situation de non-droit en Iran. Elle me décrit la difficulté de trouver sa place. Néanmoins, la confrontation avec l’intolérance religieuse est déjà loin et se voit remplacer par l’exil.
L’auteur fini par m’exposer les événements de sa vie en Iran, d’adulte à adulte. La voici de retour dans son pays, désormais « sous foulard ». Par le biais du regard de ses amies d’apparence moderne, elle se retrouve confrontée à son identité « double ». Serait-elle iranienne en Europe et européenne en Iran ? Dépression, thérapie, métamorphose, tous les efforts humains n’aideront pas la jeune femme qu’elle est devenue à accepter de vivre avec l’injustice, la répression et les entraves à la liberté d’expression. Femme libre, elle décide de revenir en Europe, mais cette fois-ci en France, mon pays, afin de vivre sa vie en restant aussi intègre que possible.

Fantasme et névrose sont ici révélés par l’auteur, face aux vicissitudes d’un Iran en mutation. Comme un appel à des questions universelles, d’intégration, d’adaptation à d’autres cultures et de l’identité, qui ont fait écho en moi. Et qui continuent de résonner.

Bibliographie