Chargement...
Chargement...


Réparer les vivants de Maylis DE KERANGAL par Amélie BOITELLE et Noémie LAPEYRE T°ES lycée Haroun Tazieff

2080_reparer-les-vivants-de-maylis-de-kerangal-par-amelie-boitelle-et-noemie-lapeyre-t-es-lycee-haroun-tazieff
Une actualité de Pierre
Publié le 19/05/2016

image boitelleReconstitution, à l’image du corps en décomposition de Simon

  Le cœur est le centre vital de l’être humain, de notre dessin et de ce roman, mais aussi le siège des sentiments. Les 3 organes ensanglantés entourant le cœur esquissent l’histoire d’une transplantation cardiaque de 24h, tel Rê, une divinité égyptienne, effectuant son cycle journalier. Rê, alias Simon, une personne pleine de vie, une personne qui est au zénith. Amout, [l’accident de voiture] le meurtrier accident de voiture, le violent crépuscule de la vie de Simon. Et Khépri, l’aube d’un nouveau jour pour une personne, autrefois en danger de mort à cause d’un cœur défaillant, qui renaît tel le phénix jailli de ses cendres avec les côtes cassées et une cicatrice ensanglantée lui barrant le torse. Tout ceci fait naitre en nous une déchirante dissonance : sommes-nous heureux pour Khépri ou abatus pour Amout ? Cette dualité est créée par la prose précise et incisive de l’auteure, jouant avec le sens de ses mots, l’envergure et la tournure de ses phrases. Ce cocktail d’encre rouge nous permet de saisir d’un unique regard le sanguinolent tableau que souhaite esquisser Maylis DE KERANGAL. De même, l’artiste anime en un jet de sang, regards et gestes, enchaine les gros plans et les panoramas. Ce magnifique tour de magie cruelle est incarné par les citations emprunté à l’auteure formant le cadre de l’horloge. Durant quelques lignes elle fait abominablement ralentir le temps, tellement, que l’on peut saisir chaque détail infime de l’action. Puis, d’un coup, son dur petit monde s’accélère, le temps défile à la manière d’un paysage derrière une vitre de voiture. Les mots acerbes contribuent à cet effet, ils lui permettent de surfer de la circulation des molécules d’oxygène au travail d’un chirurgien cardiologue. Sa description nous perd dans le temps et l’espace sans pour autant brouiller l’image dure que l’on se crée. Réparer les vivants, en plus d’être une œuvre littéraire est une étude sociologique qui illustre les complexes intéractions entre les Hommes comme le cœur qui est le point d’affluence du sang, entrainant la vie. Le flux du vivant fait d’intrusions, de greffes et d’adoptions, est symbolisée dans notre dessin grâce au cœur et aux différents organes qui l’entourent. Suite à la vie la faucheuse nous moissonne de sa faux et des questions de notre entourage. Simon est-il toujours quelque part malgré sa chair détériorée, dévorée… Tandis que son cœur irrigue d’autres artères, que son corps a été reconstitué afin que ses proches puissent l’identifier, le souvenir de Simon Limbres, lui, voyage dans les mémoires.