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Sur la route (Rouleau Original)

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Publié le 09/05/2018
Sur la route (Rouleau Original) de Jack Kerouac
Il n’y a aucune issue à l’absurdité, si ce n’est la répétition et l’improvisation. Un chorus de sax ténor sur une phrase. Une phrase sur une clé de sol. Une clé dans le contact et c’est une bande d’allumés qui part, le pied au plancher, en dérapant sur le gazon immaculé de l’Amérique bienpensante des années 40. Monter avec eux, c’est monter dans un manège sans fin. Le vent libertaire des 60’s ne s’est pas encore abattu sur le pays de l’Oncle Sam, mais ça souffle déjà violemment dans les boîtes de bop des quartiers nègres. Les jazzmen racontent leur vie cabossée avec des cuivres.

Cette vie de trimard, de forçat de la route, Jack Kerouac va l’embrasser au cours de périples sans queue ni tête pendant trois ans. L’envie de faire son baluchon et de voir ce qui se passe ailleurs, l’énergie pour sortir de son confort new-yorkais va lui être insufflée par un oiseau de feu qui veut jouir de tout sur l’instant : Neal Cassady, un coureur de jupons hyperactif qui a passé « un tiers de sa vie en prison, un tiers de sa vie dans les bibliothèques municipales et un tiers de sa vie à voler des voitures ». Seul et avec Neal, Kerouac traversera les États-Unis en quête « de filles et de visions », mais également d’inspiration, chose qui lui fait défaut dans le confort de l’appartement maternel en banlieue new-yorkaise.

Ensembles, ils déroulent le bandeau infini de la route à toute vitesse, fument joint sur joint, font des fêtes à tout casser et écument toutes les boîtes à jazz du continent. Ils démontrent que l’aventure est à portée de pouce et que le déplacement n’est plus un moyen mais une fin en soi. Le mouvement devient leur crédo et leur façon de vivre, au point parfois de passer une trentaine d’heures en voiture sans presque s’arrêter. Quand ils s’arrêtent, les deux compères en profitent aussi pour rencontrer leurs amis et fondateurs de ce qui s’appellera la Beat Generation, bande composée d’intellectuels au mode de vie marginal pour l’époque : William S. Burroughs, auteur, héroïnomane, schizophrène et homosexuel assumé sur le tard, qui finira par tuer sa femme avec un pistolet en rejouant le mythe de Guillaume Tell. Allen Ginsberg, poète, éperdument amoureux de Neal Cassady et, qui, à défaut d’avoir vu le grand esprit de sa génération qu’est Kerouac mourir dans de furieuses piqures, assistera à sa déchéance alcoolisée. Ginsberg tentera par ailleurs de leurs ouvrir les yeux sur l’absurdité de leurs virées et de leur mode de vie. Herbert Huncke, hobo, criminel et initiateur du fameux terme « Beat ». Ce duo qui ne dort jamais est assisté dans sa folie migratoire par un jeune tapin mineur qui a l’habitude de laisser un marin dans chaque port : Louanne, dont Neal Cassady est raide dingue quand il ne l’est pas de sa femme, Caroline. Finalement, quand Neal laissera Louanne et Jack Kerouac en rade dans le quartier interlope de San Francisco, pris d’un nième accès d’irresponsabilité, les deux infortunés finiront par coucher ensemble dans un hôtel miteux.

Bibliographie