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The walking dead, de Robert Kirkman

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Une actualité de Adeline
Publié le 19/04/2016
« Nos pas résonnent dans la ville endormie, assourdissants. Je tiens Clo par la main, nous courons. Elle ne cesse de demander où sont nos parents, et je ne cesse de lui répondre qu’ils étaient juste derrière nous, qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Je mentais bien sûr, elle le savait, elle sait toujours lorsque je mens, mais elle continue de courir. Partout autour de nous des masses noires se relèvent dans la nuit et leur râles deviennent si proche qu’ils murmurent presque à mon oreille.« Ne te retourne pas » lui dis-je en boucle, « Ne te retourne surtout pas. N’écoute que ma voix, ne regarde que tes pieds. Je t’en supplie… Ne te retourne pas ». Ma voix s’étrangle dans ma gorge. Devant nous. Beaucoup trop nombreux. Je tourne la tête à droite à gauche à me la dévisser. Les larmes obscurcissent ma vue. Là ! Une ruelle ! Nous brûlons nos dernières forces pour nous y engouffrer, les poumons en feu. Ma sœur s’effondre au sol, exténuée, des frissons parcourant tout son corps. Je relève la tête. Des yeux nous scrutent dans l’obscurité. Des yeux vides, sans vie. Un mort. Il se rapproche, la mâchoire claquante, la démarche hésitante, presque comique, il se rapproche. J’hurle à mes jambes de se relever, je les frappe de toutes mes forces, en vain. Il se rapproche. Soudain, il s’arrête, puis s’effondre telle une poupée de chiffon, le crâne défoncé. J’aperçois un homme. Il nous sourit. Le sang goutte de la batte qu’il vient d’utiliser. Il nous dit qu’on a beaucoup de chance d’être tombé sur lui. Je tente de parler mais il répète qu’on a beaucoup de chance. Il nous raconte qu’il était livreur de pizza avant tout cela, que ce n’était pas très utile maintenant au premier abord, mais que grâce à cela il connaissait la ville par cœur. Finalement cela se révélait pratique pour retrouver son chemin…Ou suivre des gens. Mon cœur s’arrête de battre. Son sourire s’élargit d’avantage et il se met à taper doucement sa batte sur le sol. Il poursuit : Ce n’était pas facile de trouver de la nourriture aujourd’hui. Plus de magasins, plus de cultures, plus de gibier…Enfin presque plus. Je serre la main de Clo fort, si fort que je pourrais la briser. Toujours souriant, il nous dit que ce n’est pas personnel. Lorsqu’on a faim, il est naturel de manger. Il se rapproche. » Je referme l’œuvre de R. Kirkman d’un coup sec, le cœur battant la chamade. Je reste assis sur ma chaise de longues minutes à reprendre mon souffle, les yeux perdus dans le vide, songeant à toutes ces horreurs qui n’attendent peut-être seulement que la société s’effondre pour s’abattre sur nous. Clo est lovée sur le canapé, balançant paisiblement sa tête au rythme de la musique sortant de ses écouteurs. Elle lève soudain sa tête vers moi et me lance un regard insistant, comme elle seule sait les faire. J’acquiesce. Il est déjà 22h passé, et la faim commence à poindre le bout de son nez, légère. Ma main se tend vers le téléphone. Je la laisse en suspens un moment, tremblante, puis la repose : On ne commandera finalement pas de pizza ce soir. Théo Neveu-Recher