Je souhaiterais vous présenter Un éternel Treblinka de Charles Patterson, et surtout l’incidence qu’il a eue sur ma personne. J’ai découvert cet ouvrage à un moment de ma vie ou j’avais beaucoup de mal avec la littérature. J’en avais une vision très biaisée car je croyais, à tort, que littérature rimait forcément avec forme romanesque. Et les romans, avec l’idée d’un démiurge capable de tout créer, m’ont toujours donné cette impression de fictif. L’invention me déplait, car je l’associe à une recherche d’évasion, de rêve et plutôt que cette quête d’un ailleurs, je préfère que la littérature m’aide à me recentrer sur notre condition humaine.
Pour tenter de résumer de façon assez succincte cet ouvrage, Un éternel Treblinka fait le parallèle entre la façon dont nous traitons nos animaux dans nos sociétés contemporaines et le génocide des Juifs perpétrés par les Nazis au cours du XXème siècle. Qu’il s’agisse entre autre d’expériences "pseudo" médicales ou d’exécution à la chaine, l’absence totale d’humanité est le dénominateur commun à ces traitements. Même si ce parallèle est tout à fait contestable, et je le comprends, c’est une réflexion qui permet de réfléchir à l’éthique animale. Quand j’ai terminé la lecture de ce livre et que je l’ai refermé, mon regard avait complètement changé. J’étais stupéfaite d’avoir à ce point une vision différente des choses, et je ne pensais même pas que les mots avaient un tel pouvoir. Un éternel Treblinka m’a véritablement fait apprécier la littérature car c’est grâce à lui que j’ai découvert les essais, la littérature d’idée. C’est désormais ce que je recherche dans les ouvrages que je lis : la remise en question de la pensée, de la norme, du réel en général.
Au-delà des questionnements que j’ai développé à la lecture, cet ouvrage a eu un effet performatif sur moi puisqu’il m’a fortement incité à devenir végétarienne. Mais plus largement, j’attache désormais une grande importance à interroger quotidiennement le monde qui m’entoure, le réel comme l’indicible.
Les pages qui m’ont le plus marquées dans ce livre correspondent à une citation, placées en exergue d’un chapitre, sur une double page blanche, sans péritexte quel qu’il soit. Choix judicieux de l’auteur car je pense que cette citation d’Elie Wiesel se suffit à elle-même : "L’indifférence sert toujours le bourreau, jamais la victime". Ces mots trouvent un écho dans tellement d’autres domaines que l’éthique animale qu’ils résonnent en moi depuis l’instant où je les ai lus. Dans bien des thèmes, cet ouvrage m’a poussé à toujours avoir un jugement, une position et ne pas rester neutre, car j’estime que c’est aussi une chance que de pouvoir formuler une opinion et de pouvoir l’exprimer.
Ainsi, je souhaite à tous ceux qui veulent entreprendre la lecture d’un livre, d’en ressortir changé et je recommande la lecture d’Un éternel Treblinka.