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La passion de Marie

La vérité sur Marie
Une actualité de Fleur Cattiaux
Publié le 24/08/2013
Même si la popularité de ce prénom est en baisse ces dernières années, des Marie, on en compte tous quelques-unes dans son entourage...
Si elles ont déjà inspiré nombre d'écrivains, cinéastes, chanteurs et autres artistes, celle dont nous allons parler aujourd'hui a de quoi se présenter sous les traits d'une amie de longue date et ce, que l'on découvre son existence seulement aujourd'hui ou que l'on ait eu la chance de faire sa connaissance par le passé. Car cette quintessence de femme née sous la plume incomparable de Jean-Philippe Toussaint revient cette année dans La vérité sur Marie (éd. Minuit), roman qui constitue bel et bien le troisième volet d'un cycle initié avec Faire l'amour et Fuir (qui sortent simultanément dans la collection Double), tranchant avec ce que l'on pourrait appeler la première période de l'auteur, caractérisée par des livres dans lesquels triomphait un humour ravageur.

Dans ce tout dernier livre, le lecteur retrouve le narrateur et sa fameuse Marie, cette femme qualifiée ici d'"imprévisible et fantasque, tuante, incomparable" (Faire l'amour), ou là d'"impossible, unique, irrésistible" (Fuir), pour un nouvel épisode extrêmement réussi de leur histoire passionnelle.

En plein milieu d'une nuit parisienne à la fois caniculaire et orageuse, le narrateur reçoit un appel au secours de Marie. Celle-ci étant dans tous ses états, elle raccroche avant de lui donner la moindre explication, l'ayant simplement imploré de la rejoindre dans l'appartement qu'ils partageaient jadis, mais qu'elle habite seule à présent. A la vue des ambulances devant l'immeuble rue de La Vrillière, il imagine le pire. Heureusement, ce n'est pas à Marie qu'il est arrivé quelque chose, mais à celui qui, selon toute vraisemblance, devait être son amant, un certain Jean-Christophe de G. - ou du moins tel est le nom par lequel notre homme choisit nonchalamment de le désigner quand il s'appelle en fait Jean-Baptiste de Ganay. Reprenant le fil de l'histoire là où il avait été laissé au Japon, le narrateur revient sur ce qui s'est passé dans la vie de Marie après leur séparation. Il nous fait ainsi nous envoler de Paris à l'ïle d'Elbe en passant par Tokyo, où l'on retrouve notamment Marie, armée de ses quelques vingt-trois pièces de bagages disparates, sur le point de rentrer en avion avec son élégant compagnon et surtout Zahir, le cheval de courses que ce dernier doit ramener en France. Notons au passage la superbe scène d'anthologie autour de la fuite éperdue du cheval paniqué sur le tarmac de l'aéroport.

Adoptant une construction proche de celle de Fuir, dans laquelle les personnages se retrouvent soudain au calme sur l'île d'Elbe après une période d'agitation intense en Asie, Jean-Philippe Toussaint signe une fois de plus un livre très rythmé, où les passages d'intense tension narrative succèdent aux descriptions plus paisibles. Son secret ? Un cocktail idéal de finesse, de tendresse, de complicité, d'humour subtil, le tout écrit dans une langue très personnelle. Paradoxalement assez simple, l'écriture de Toussaint n'en est pas moins élégante et raffinée. Sa fluidité a d'ailleurs de quoi faire des envieux, quant à son art de la description, il peut aller jusqu'à donner l'impression au lecteur qu'il s'est mué en spectateur.

Sachant cela, comment ne pas vous recommander chaudement non seulement de lire ce nouveau chef d’œuvre de sensualité quand on sait qu'il pourrait bien vous procurer un pur moment de bonheur, mais également de venir écouter l'écrivain en personne, qui sera dans les salons de la libraire le 9 octobre prochain ?... En revanche, comme il vous faudra patienter jusqu'au 17 septembre pour lire son livre, en voici les quelques premières lignes : "Plus tard, en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l'amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. A une certaine heure de cette nuit - c'était les premières chaleurs de l'année, elles étaient survenues brutalement, trois jours de suite à 38°C dans la région parisienne, et la température ne descendant jamais sous les 30°C -, Marie et moi faisions l'amour à Paris dans des appartements distants à vol d'oiseau d'à peine un kilomètre. Nous ne pouvions évidemment pas imaginer en début de soirée, ni plus tard, ni à aucun moment, c'était tout simplement inimaginable, que nous nous verrions cette nuit-là, qu'avant le lever du jour nous serions ensemble, et même que nous nous étreindrions brièvement dans le couloir sombre et bouleversé de notre appartement."

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