Lorsqu'on lui demande de s'exprimer sur les femmes et le roman, Virginia Woolf se rend compte qu'il ne s'agit pas simplement d'évoquer quelques grandes auteures : elle préfère penser les femmes et la condition de création. Être auteur, encore au début du XXe siècle, est conditionné par le sexe et les moyens économiques. Seule possibilité pour celles qui veulent s'exprimer : des moyens, et surtout un espace, une chambre à soi, pour libérer la création. Ce titre, emprunté à l'auteure britannique, exprime très bien cette volonté de dire et lire les femmes.
Parlez de féminisme, et les réactions ne se font pas attendre, qu'elles soient négatives ou enthousiastes, féminines ou masculines. Si le féminisme prend de multiples formes, on retrouve à chaque fois cette volonté de comprendre à quel point les mécanismes sociaux peuvent influencer nos comportements et modes de pensée, favorisant inégalités et violences, que se soit dans la vie personnelle, professionnelle, ou dans l'espace public. L'écriture devient un moyen d'expression privilégié, qui permet de mettre en avant des voix audacieuses, des femmes qui d'une façon ou d'une autre luttent, partagent et inspirent, pour plus d'égalité et de respect.
Les livres présentés dans cette série d'articles sont autant de pistes de réflexion pour découvrir des figures de femme déterminées et motivantes, pour rendre compte de modes d'existence féminins et de trajectoires de vie multiples : provoquées, déterminées, imprévisibles, mais toujours enrichissantes.
Enfin ! J'ai lu Sorcières, et je ne regrette pas !
S'emparant de la figure de la sorcière en en faisant un historique dans son introduction, M. Chollet s'attache ensuite à nous présenter les trois figures de sorcières contemporaines auxquelles elle veut rendre hommage : la femme célibataire, la femme sans enfant, et la femme âgée.
Cet essai nous fait comprendre l'ampleur du contrôle qui s'exerce sur la vie des femmes : s'ils ne correspondent pas à l'idéal commun et bien établi, nos choix de vie sont sans cesse questionnés, critiqués. Dès que l'on sort du cadre, nous sommes pointées du doigt, et subissons parfois de violentes réactions. Pour toutes celles qui dérangent, affirment leur liberté, veulent vivre sans contrainte, cet essai est fait pour vous ; pour celles et ceux qui sont encore réticents, cet essai peut être une chance : il n'est jamais trop tard pour apprendre à déconstruire sa pensée.
La lecture de ce texte est libératrice, positive et édifiante, regorgeant d'exemples et de références. M. Chollet rappelle qu'apprendre à vivre pour soi est loin d'être une mauvaise chose, que les mythes de l'instinct maternel et de l'horloge biologique sont à déconstruire, et que les femmes ne sont tout simplement pas des objets périssables.