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Une chambre à soi #2 - Christine bard

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Une actualité de Mylène
Publié le 24/05/2017
« Peut-être me faudrait-il parler des femmes et de ce qui les caractérise, ou des femmes et des romans qu'elles écrivent, ou des romans qui traitent de la femme, ou encore, pensant que ces trois possibilités sont intimement liées, votre désir est-il que je les envisage dans leur entrelacement ?» Une chambre à soi, Virginia Woolf, 10/18, 2016.
Lorsqu'on lui demande de s'exprimer sur les femmes et le roman, Virginia Woolf se rend compte qu'il ne s'agit pas simplement d'évoquer quelques grandes auteures : elle préfère penser les femmes et la condition de création. Être auteur, encore au début du XXe siècle, est conditionné par le sexe et les moyens économiques. Seule possibilité pour celles qui veulent s'exprimer : des moyens, et surtout un espace, une chambre à soi, pour libérer la création. Ce titre, emprunté à l'auteure britannique, exprime très bien cette volonté de dire et lire les femmes.
Parlez de féminisme, et les réactions ne se font pas attendre, qu'elles soient négatives ou enthousiastes, féminines ou masculines. Si le féminisme prend de multiples formes, on retrouve à chaque fois cette volonté de comprendre à quel point les mécanismes sociaux peuvent influencer nos comportements et modes de pensée, favorisant inégalités et violences, que se soit dans la vie personnelle, professionnelle, ou dans l'espace public. L'écriture devient un moyen d'expression privilégié, qui permet de mettre en avant des voix audacieuses, des femmes qui d'une façon ou d'une autre luttent, partagent et inspirent, pour plus d'égalité et de respect.
Les livres présentés dans cette série d'articles sont autant de pistes de réflexion pour découvrir des figures de femme déterminées et motivantes, pour rendre compte de modes d'existence féminins et de trajectoires de vie multiples : provoquées, déterminées, imprévisibles, mais toujours enrichissantes.




                                                       Histoire politique du pantalon, Christine Bard, Seuil.


                                              


Christine Bard est historienne et professeure à l’université d’Angers. Elle s’intéresse depuis toujours à l’histoire des femmes, au féminisme et à l’antiféminisme ainsi qu’à la question du genre ; elle a consacré de nombreux ouvrages à ces différents sujets.
Ses recherches l’ont également conduite à un objet d’étude original, qui rejoint ses thèmes de prédilections tout en faisant un pas de côté : le vêtement. En effet, pour Christine Bard, étudier la jupe et le pantalon sous toutes les coutures permet d’aborder des enjeux aussi variés que l’histoire politique, sociale, sexuelle ou encore la dimension esthétique qu’occupent ces objets au sein de notre société.

Le pantalon nous intéresse ici particulièrement, car il incarna, pendant longtemps, la masculinité. La qualité morale d’une femme était autrefois jugée en fonction de sa tenue et de ses manières. Le pantalon, modifiant la silhouette, la rendant ainsi plus ambiguë, pose alors problème.

L’ordonnance du 16 brumaire an IX (soit le 7 novembre 1800) est l’un des exemples forts du livre pour évoquer tous les enjeux suscités par ce choix vestimentaire. Depuis la Révolution française, le port du pantalon s’est quelque peu répandu parmi les femmes, produisant un effet de « confusion des sexes » au nom de l’égalité. Cet acte n’est pas tolérable sous l’ère bonapartiste, aussi la Préfecture de police de Paris interdit par cette ordonnance le port des habits d’un autre sexe ; toutefois celle-ci ne s’applique pas qu’aux femmes.
Comme le précise Christine Bard : « pour les deux sexes, l’amalgame est fait entre la transgression du code vestimentaire genré et des pratiques sexuelles déviantes.». Le point sensible se situe clairement sur cette question tout au long des XIXe et début XXe siècles. Les vêtements reflètent la personnalité, le mode de vie. Au-delà de l’orientation sexuelle, il s’agit de l’émancipation des mœurs et de la revendication de la liberté individuelle d’être celle/celui que l’on veut, loin des carcans moraux de la société.

Porter le pantalon permet aux femmes de se mouvoir autrement (elles peuvent faire du vélo plus aisément à l’instar de Violette Morris), d’envisager de nouveaux métiers, d’être maîtresse de leur corps, de choisir ce qu’elles veulent en dévoiler (la question de la pudeur est très importante)…
Aujourd’hui banal et anecdotique, porter un pantalon fut longtemps un acte politique et social courageux, un message fort envoyé aux hommes, celui d’une quête d’égalité entre les sexes.



Bibliographie

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